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  • Michel Lerond
  • Ecologue et essayiste. Dans notre pratique professionnelle, nous avons pu contribuer, notamment, à un meilleur accès à l’information sur l'environnement.

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9 décembre 2008 2 09 /12 /décembre /2008 14:49

         Après trois décennies d’atermoiements, le débat sur l’énergie est enfin sur la place publique. Le rapport du Club de Rome (1972), le premier choc pétrolier (1973) ou les Etats Régionaux de l’Environnement (1983) n’ont réussi à alarmer qu’une frange de la population. Les envolées récentes du prix du pétrole ont eu beaucoup plus de vertus pédagogiques… Il est frappant de constater que la presse regorge maintenant d’articles sur les énergies « renouvelables » dans lesquels il est parfois difficile de faire la part entre rigueur scientifique, lobbying d’industriels et simple publicité.

Le secteur le plus contesté est sans aucun doute celui des agrocarburants, longtemps défendus par l’ADEME, qui persiste dans ses choix, et qui sont maintenant largement considérés comme concurrents des cultures alimentaires, sans compter leurs impacts forts, notamment sur l’érosion de la biodiversité. Paul Crutzen, prix Nobel de chimie en 1995, se demande même si l’agriculture intensive qui les produit ne serait pas plus émettrice de gaz à effet de serre qu’une énergie fossile en même quantité…

Quant à l’éolien, après un débat sur les prétendues pollutions visuelles, la controverse se fonde maintenant davantage sur le plan économique, notamment depuis qu’un ancien président de la république s’est engagé dans ce combat. Il n’a pas tort d’insister sur le fait qu’il s’agit surtout d’une énergie très subventionnée, ce qui fausse le débat. Mais son alliance dans ce combat avec un ancien patron d’EDF, « père » du programme électro-nucléaire, rend du coup la croisade un peu suspecte. D’ailleurs, l’énergie nucléaire n’est renouvelable que le temps où l’on peut se procurer de l’uranium…

L’énergie solaire semble moins contestée, bien que son coût de production reste très élevé et que les besoins en surfaces de panneaux photovoltaïques soient considérables et posent quelques problèmes d’intégration. Quant à l’hydrogène, cette piste prometteuse demande à surmonter les obstacles liés à la production dans des conditions environnementales et économiques satisfaisantes, ce qui est loin d’être le cas. La géothermie des roches profondes est également une possibilité nouvelle riche d’espoir, mais qui demande à être précisée.

Après avoir tant tardé à réagir, voilà que tout s’envole sous la pression des marchés, dans un désordre auquel il est urgent de remédier. C’est ainsi qu’en 2003 la France s’est lancée dans la production des agrocarburants sous la pression des céréaliers, en dehors de toute évaluation sérieuse. Un gros handicap réside dans la sous-utilisation des outils d’évaluation environnemen-tale, sociale et économique de ces nouvelles énergies. Certes nous devrons nécessairement faire appel au « bouquet énergétique » plutôt qu’à telle ou telle filière spécifiquement. Encore faut-il pouvoir le faire en connaissance de cause.

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commentaires

P
"D’ailleurs, l’énergie nucléaire n’est renouvelable que le temps où l’on peut se procurer de l’uranium…"<br /> Ce n'est pas la définition d'une énergie fossile ???
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M
<br /> <br /> Et oui Philippe ! C'est bien toute l'ambiguité du nucléaire pour lequel on n'évoque jamais le problème de la ressource... épuisable.<br /> Michel<br /> <br /> <br /> <br />