Pendant longtemps, les personnes soucieuses de l’intégration de l’architecture dans l’environnement ont été attentives au style des maisons afin qu’elles respectent les critères de l’habitat traditionnel : volumétrie, matériaux et couleurs des murs, type de toiture, forme des ouvertures, etc. Les mêmes, dont j’étais, ont de ce fait eu à déplorer les constructions « standards » se répétant à l’infini, quelque soit la région et son contexte architectural traditionnel. Le marché a eu raison de la tradition, si ce n’est ici ou là quelques aspects sauvegardés, comme les tuiles canal dans le sud ou les pignons aveugles en Bretagne.
Mais les temps changent et, la crise aidant, on se soucie de plus en plus d’énergie en construisant des bâtiments peu gourmands, voire à énergie positive. Les contraintes techniques que cette approche suppose ne se concilient pas toujours facilement avec les volumétries traditionnelles. Va-t-on, de ce fait, vers des « maisons écologiques » qui n’auraient plus rien à voir avec les aspects ancestraux de l’habitat ?
En poussant à l’extrême, on pourrait concevoir une maison qui tienne dans un cube, à énergie positive, avec une terrasse végétalisée, des ouvertures à fonction bioclimatique, une loggia d’angle, des panneaux photo-voltaïques en façade et une éolienne à axe vertical qui domine l’ensemble. Les nouveaux canons de notre époque seraient satisfaits, mais on serait bien loin, par exemple, de la chaumière normande à colombage…
Alors que faire ? Faut-il s’accrocher à la tradition ou savoir évoluer ? Ne peut-on imaginer une synthèse entre l’architecture traditionnelle et la contemporaine ? C’est le défi que vont devoir relever les architectes, comme certains s’y sont déjà employés en choisissant des matériaux apparents comme le bois ou la brique par exemple, en redessinant les toitures et les ouvertures pour concilier des caractéristiques régionales du bâti avec une nouvelle donne des fonctionnalités.
Voir aussi ma chronique « Habitat bioclimatique ou habitat régional ? » du 29 avril 2008.