Le film de Jean-Paul Jaud, qui raconte la conversion au Bio de la cantine scolaire dans un petit village des Cévennes, connaît un succès mérité. Certes le film « Nos enfants nous accuseront » est teinté de militantisme et certaines affirmations seraient peut être à pondérer, mais le ton est juste et l’alarme, face à l’augmentation des cancers dus aux pesticides, justifiée.
En 1962, la biologiste américaine Rachel Carson publiait son ouvrage Silent Spring (Printemps silencieux) qui accusait certains pesticides d’être dangereux pour les oiseaux (d’où le titre justifié par l’absence de leur chant) et pour l’homme. Ce livre fut à l’origine d’une prise de conscience de l’opinion publique en Amérique, puis en Europe et fut en quelque sorte fondateur du mouvement écologiste. C’était il y a… 47 ans.
Si l’on fait un parallèle avec la problématique de l’amiante, les premiers morts sont connus en 1906 en Basse-Normandie et le produit est interdit en 1996, 90 ans plus tard. Avec juste un peu de cynisme, on pourrait donc craindre qu’il faille attendre encore 43 ans pour que soient interdits les pesticides dangereux… Sans doute, le Grenelle de l’environnement. a-t-il prévu des mesures dans ce sens, mais elles sont contestées et toujours atténuées et différées.
Comme souvent, si le consommateur est bien informé, il peut effectuer ses achats alimentaires de façon responsable et sélective et, de fait, boycotter les denrées qui contiennent des produits dangereux pour la santé. Cela suppose que les systèmes de production et de distribution soient bien orientés et suffisamment contrôlés, ce qui relève du politique. Comme toujours le tandem citoyens - politiques est indispensable au bon fonctionnement de la société.
La bonne voie à suivre est-elle nécessairement l’agriculture biologique, afin de se passer des pesticides, au moins des plus dangereux ? Sans doute peut-on admettre que cohabitent différentes formes d’agriculture, mais aucune ne doit être nocive à la santé. L’agriculture conventionnelle actuelle s’apparente plutôt à un écocide en portant atteinte gravement à la faune et la flore sauvages, aux paysages et à la santé humaine. Même dite « raisonnée », l’agriculture a de gros progrès à faire pour devenir raisonnable et acceptable par tous les consommateurs. Il y a urgence pour que nos enfants et petits enfants ne nous accusent pas.
Voir aussi notre chronique « Paysan, un métier du futur ? » du 3 juin 2008.