Longtemps on a opposé le monde urbain au monde rural, comme par ailleurs la nature à la culture. Avec un rien de condescendance, la ville (la culture), était au-dessus de la campagne (la nature). Fort heureusement cette opposition est devenue assez désuète, d’autant plus que les agriculteurs, longtemps les principaux acteurs du monde rural, sont maintenant très minoritaires en nombre et que ruraux et citadins vivent de la même façon, avec les mêmes besoins.
Toutefois, il est des aspects spécifiques tout à fait paradoxaux, ainsi pour les plantations ou les pollutions de l’air. En effet, dans les années 1970-80, d’abord en relation avec la construction de grands ensembles, puis dans les centres urbains eux-mêmes, de nombreuses plantations d’espaces verts, ou d’arbres d’alignement, ont été opérées pour verdir les villes. La réussite a été variable, mais dans le même temps, on assistait à des dégradations très importantes en milieu rural, sous l’emprise notamment des remembrements agricoles. De même en ce qui concerne les pollutions de l’air, plusieurs études récentes témoignent de la baisse significative des niveaux en milieu urbain, du fait des efforts conduits par les industriels et de la réduction de la circulation automobile dans bien des centres villes au profit des transports en commun. Par contre, en milieu rural, les quelques rares études menées sur les pesticides montrent que les campagnes sont largement contaminées. Certes il ne s’agit pas obligatoirement des mêmes types de pollutions, mais le renversement de situation est bien là.
Les efforts accomplis en ville ne compensent pas les dégradations du milieu rural, mais on constate cet apparent paradoxe qui résulte d’une sensibilisation plus forte des citadins et de le pression qu’ils exercent sur les décideurs, alors que les ruraux régissent moins, ou moins vite, à l’appauvrissement biologique de leur milieu de vie. Maintenant que la sensibilisation du public et des décideurs urbains a atteint un bon niveau, on constate le réaménagement de quartiers avec des espaces verts significatifs ou la restitution de l’espace aux piétons. Même si cette nouvelle approche urbaine a encore de gros progrès à faire, les avancées sont indéniables. Dans le même temps, les campagnes connaissent bien des difficultés pour respecter les zones Natura 2000 ou simplement pour prendre conscience des pollutions des rivières ou des dégradations engendrées par l’agriculture industrielle.
Demain, le brassage des populations urbaines et rurales peut faire avancer la sensibilisation vers un meilleur équilibre. La réorganisation des collectivités locales, en donnant l’avantage aux Communautés de communes, doit aussi contribuer à repenser l’espace dans lequel nous vivons, en facilitant la cohérence du territoire et permettant un minimum de prospective.