C’était un des derniers jours de l’année scolaire. Il était convenu avec l’institutrice qu’elle viendrait avec ses élèves pour visiter notre lagunage pour l’épuration des eaux usées. Ce dispositif simple permet d’épurer les eaux domestiques à l’aide de végétaux disposés dans des bassins étanches. Il faisait un temps splendide d’avant vacances et après les commentaires « techniques » nous fîmes le tour du jardin.
Chacun y allait de son commentaire, depuis « est-ce qu’on peut manger des groseilles ? » jusqu’à « Vous avez beaucoup de chance Monsieur d’avoir un grand jardin comme ça. Chez moi il n’y a qu’une petite cour », en passant par « Moi je ne pourrais pas guider la visite, je me perdrais dans ce jardin ! »
Puis la conversation s’engagea vraiment :
- Un garçon : Est-ce qu’il y a des vampires dans votre jardin ?
- Moi : Non bien sûr, les vampires, c’est dans les livres ou les bandes dessinées. Par contre chez nous il y a des chauve-souris qu’on rapproche parfois des vampires.
- Une fille : Est-ce que vous les chassez ?
- Moi : Mais pourquoi donc les chasser ?
- La fille : Parce que c’est méchant !
- Moi : Mais non ce n’est pas méchant. Et d’ailleurs peut être bien que c’est nous qui habitons chez les chauve-souris. D’ailleurs nous n’habitons pas seuls dans ce jardin, il y a aussi un couple d’écureuils, quelques lièvres et un faisan, tout un monde sauvage.
- Le petite fille me répond : Mais alors vous avez beaucoup d’amis !
Plus loin, devant le groupe attentif, j’annonçais qu’il y avait aussi un fou dans ce jardin. L’émotion devint subitement palpable, teintée d’un peu d’inquiétude. Un gars s’enhardit en me lançant : « c’est pas possible ! », mais une fille demanda timidement : « est-ce qu’on va le voir ? » Me voulant rassurant, je précisai que le fou était un arbre et donc qu’il n’y avait aucun danger. Je précisais que cet arbre est fou parce qu’il perd la tête et pousse de façon ébouriffée en laissant pleurer ses branches. Le groupe s’approcha, j’invitais les enfants à entrer « dans » l’arbre, précisant qu’il était aussi une « grotte à bombons » et que chacun pouvait prendre un petit paquet sur la table : ce fut une explosion de cris et un grand éclat de rire. Le frêne pleureur en pleurait… de joie ! Bonnes vacances les enfants.