Le 29 avril 2009, le président de la république française présentait les travaux des dix équipes qui ont participé à la consultation internationale sur le devenir du Grand Paris. Le 16 juillet, Nicolas Sarkozy venait au Havre confirmer son intention de faire de ce port celui du Grand Paris. Au-delà des effets d’annonce d’un moment, il est toujours instructif de replacer les discours dans un contexte historique plus large.
On pourrait rappeler que l’axe séquanien a été reconnu dès le 9ème siècle en constituant une voie de pénétration aux invasions qui ont débouché sur la création du duché de Normandie en 911. Mais cela est un peu lointain… Ou que Napoléon disait volontiers « Paris, Rouen, Le Havre, une seule ville dont la Seine est la grande rue », mais c’est un peu bonapartiste…
Plus près de nous, c’est en 1965 que le Schéma Directeur de l’Ile-de-France, piloté par Paul Delouvrier, lie le développement de la région francilienne à sa porte maritime s’ouvrant sur toute la baie de Seine, incluant Caen et la Basse-Normandie. Et c’est en 1971 qu’est publié le Schéma d’aménagement de la Basse-Seine, suivant la tendance du moment de créer des « villes nouvelles ». Ce schéma prévoit alors une urbanisation importante de la vallée de la Seine, avec une coupure verte, le parc naturel régional, entre les installations portuaires. Enfin, en 2006, l’Etat approuve la DTA (Directive territoriale d’aménagement) de l’estuaire de la Seine. Celle-ci a pour ambition de projeter l’aménagement à l’horizon 2025 avec notamment la création d’une « métropole régionale » Caen-Le Havre-Rouen pour assurer un débouché maritime à la région francilienne.
Alors Le Havre, port de Paris avec un développement portuaire encore plus important ? Oui, il y a une logique d’aménagement, mais en prenant garde de rester dans une démarche de développement soutenable avec des ambitions énergétiques et en permettant au Port de Rouen de faire pénétrer les cargos à l’intérieur des terres, plus près des lieux de consommation. Un TGV Paris-Le Havre à l’horizon 2020 ? Pourquoi pas, d’autant plus que les acteurs régionaux le réclament depuis une vingtaine d’années, sous réserve qu’il desserve les villes et non pas les champs de maïs… Une métropole régionale normande ? Oui, en prévoyant une liaison ferroviaire entre Caen et Le havre, « oubliée » dans la DTA, malgré le rappel de l’évaluation.
Mais alors où est la nouveauté si ce n’est que l’on pourrait mettre en œuvre des projets déjà réfléchis depuis… 38 ans et actés depuis 3 ans. Passons donc aux actes, avec de grâce, une consultation préalable des institutions représentatives des territoires concernés, une réunification de toute la Normandie et une évaluation des projets en matière de développement soutenable, avant réalisation.