En 20 ans, « la France a perdu 10 % de ses oiseaux nicheurs », tel est le bilan que vient de publier le Museum national de Paris à la veille de l’été. Le programme Vigie-Nature du Museum fédère les réseaux d’observateurs volontaires de l’évolution de la biodiversité. Le plus ancien de ces réseaux (9 000 points d’écoute dans 90 départements en 2008) suit les oiseaux communs. Le verdict est sans appel : 10 % des oiseaux communs nicheurs ont disparu depuis 20 ans, d’abord les espèces urbaines et agricoles, puis les espèces forestières. Les raisons du déclin tiennent essentiellement à la dégradation des habitats et au réchauffement climatique. L’annonce récente faite par la France de stopper la disparition des espèces d’ici à… 2010 laisse un peu dubitatif.
Ce constat fait en France vaut aussi pour l’Europe (21 pays recensent les oiseaux nicheurs) et a fortiori pour l’ensemble de la planète (Voir notre chronique « 44 838 espèces ? » du 25-11-08). Ainsi, début juillet, l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) publiait son rapport qui confirme l’effondrement du nombre des espèces à un rythme qui serait beaucoup plus rapide que par le passé, y compris pendant les grands épisodes d’extinction connus à l’échelle géologique.
Bien sûr, pour bien gérer ce fabuleux patrimoine qu’est la biodiversité, il faut d’abord bien le connaître, ce qui est loin d’être évident. Certains organismes s’y emploient, comme le Museum de Paris qui vient de lancer, dans un autre domaine de la biodiversité, un reclassement complet de son herbier, soit 11 millions d’échantillons de plantes récoltées dans le monde entier depuis près de quatre siècles. C’est l’herbier le plus important au monde.
En région aussi, les travaux avancent. Ainsi la Région de Haute-Normandie vient de créer l’Observatoire permanent de la biodiversité, des habitats et des paysages, en partenariat avec l’Etat et les Départements. Il était grand temps, si l’on se souvient que dans cette région 95 % des espèces d’invertébrés sont considérées comme menacées ou éteintes… De même, sur les 2 000 espèces de plantes sauvages inventoriées, 193 sont considérées comme disparues et 551 très vulnérables.
La nature, ce n’est pas seulement « les petites fleurs et les petites bêtes » mais aussi… notre nourriture et notre milieu de vie. Le rapport de l’UICN souligne que 36 % des mammifères consommés par l’homme dans le monde sont en danger. Ceci nous renvoie aux menaces, rappelées ces dernières années, pour la sécurité alimentaire, en particulier dans les pays du Sud.