Alain Carment nous a quittés brutalement, beaucoup trop tôt. C’était un homme lucide et courageux que je connaissais et appréciais depuis 25 ans. Il était venu me voir à l’Observatoire régional de l’environnement de Haute-Normandie, pour s’informer de nos activités et en quoi elles pourraient lui être utiles pour le Pays de Bray. Ce fut l’un des rares élus à faire cette démarche.
Alain Carment était né en 1950 à Gournay-en-Bray, d’une famille très modeste. Il n’a jamais quitté le Pays de Bray. Ouvrier menuisier, puis agent technique, il a effectué un parcours dans la vie publique à partir de mai 68, avec un engagement syndical, puis une vie militante politique et ensuite élective. Parce qu’il avait compris, disait-il, « qu’une fonction d’élu offrait davantage de possibilités pour mettre en œuvre des idées, des projets, défendre un territoire et ses habitants ». Il se disait de sensibilité sociale démocrate, fondée sur l’humanisme vrai, la justice sociale, la solidarité (à ne pas confondre avec l’assistanat), la laïcité et la tolérance.
Il fut successivement, conseiller général de Seine-Maritime (depuis 1987), maire de Gournay-en-Bray (1989-1995) puis de Montrôti, président de la communauté de communes de Gournay-en-Bray, et occupa différentes responsabilités au niveau du Pays de Bray en tant que président du Syndicat intercommunal d'élimination des ordures ménagères du Bray Sud ou président de la Commission Environnement du SMAD. Depuis 2004, des responsabilités importantes lui avaient été confiées au niveau du Département de Seine-Maritime en matière de déchets ménagers, pour la mise en œuvre d’une politique en faveur du développement soutenable avec notamment un volet efficacité énergétique et recours aux énergies renouvelables. Cette mission le passionnait et il s’y donna à fond, au risque de quelques « coups de gueules », tant le défi pour l’avenir de la Planète Terre lui paraissait important.
Alain Carment fut avant tout un ardent défenseur du territoire brayon auquel il consacrait son action politique depuis près de 25 ans. Il fut, à ce titre, un acteur authentique de la mise en œuvre du développement soutenable.
Il fut aussi l’un des premiers abonnés à mon blog et avait tenu à publier plusieurs de mes chroniques dans son magazine Regards sur le canton de Gournay-en-Bray. La chronique qui l’avait le plus marqué fut certainement « France, pays de la rouspétance ! » www.michel-lerond.com/article-34058669.html. Il m’assurait qu’il vivait cela au quotidien et que c’était vraiment épuisant…