Le monde est devenu si complexe que chaque individu doit, en permanence, s’en remettre à la compétence des autres, y compris pour des choix simples de la vie de tous les jours. C’est alors que croît le doute, entre information et intoxication, entre besoins nouveaux et publicité commerciale ou entre vérité scientifique et charlatanisme… Les moyens de communication ou de déplacement nous donnent une impression de liberté et d’autonomie immense, encourageant en cela un individualisme exacerbé, alors que nous sommes dans une dépendance de plus en plus forte de ceux qui maîtrisent ces techniques ou qui ont un avis autorisé sur l’évolution de la planète. Cette situation génère des tensions, tant sur le plan politique (voir aussi http://www.michel-lerond.com/article-entendez-vous-dans-les-campagnes-56211750.html), que sur le plan de la vérité scientifique, nécessairement partielle et provisoire. C’est donc sur la confiance, ou pas, que se fonde notre vision de l’avenir. Alors que le futur est à inventer, après les génocides et dégradations environnementales du 20ème siècle, une peur diffuse s’installe. Ni la politique, ni la nature ne nous ont apporté le réconfort attendu, mais au contraire ont mondialisé nos angoisses, généralisant une crainte de l’avenir, notamment chez les jeunes.
Cet état d’esprit est particulièrement prégnant à propos du débat sur le climat. Dans une société qui a fait du progrès technologique une quasi religion, peut-on accepter de réparer les dégâts des modifications climatiques en réduisant notre consommation, de prévenir les catastrophes en gérant la nature avec économie ? Le plus simple est peut être de douter… pour ne pas décider.
Le tintamarre médiatique traduit mal les enjeux majeurs relatifs au climat, à la biodiversité ou au développement économique des sociétés humaines et permet difficilement de comprendre les interrelations entre ces enjeux. La tentation est alors grande pour le citoyen mal informé de rejeter tout en bloc en critiquant « allègrement » tous ces slogans partisans. Le schéma de pensée dominant est en fait toujours le même : il faut croire à la capacité de progrès technique, ne laissons pas s’installer l’obscurantisme, on finira par trouver des solutions, la nature est faite pour être asservie, etc. Les tenants du rationalisme scientifique, peu enclins à se remettre en cause, doivent bien l’admettre : l’optimisme, c’est anticiper les problèmes d’un monde fini pour tenter de les résoudre, plutôt qu’attendre de s’y trouver confronté, sans solution adaptée et à temps, dans un monde que l’on croyait infini.