Et pendant l’été, voici quelques « vieux » poèmes. Celui-ci date du 22 novembre 1966, à la fin de mon service militaire :
Un jeune homme a pris le train
Pour partir à la guerre.
Pardon, pour faire son service militaire.
Mais c’est un peu la même chose
Puisqu’au service militaire
On apprend à faire la guerre,
Et à la guerre
On met en pratique le service militaire.
Voilà donc notre homme
Revêtu de l'uniforme,
On lui apprend à tirer au fusil,
On lui apprend à lancer des grenades,
On lui apprend è tuer.
On lui apprend la cruauté.
Parfois, il pense au monde extérieur
II pense à une fleur de pommier,
Ou bien à une mère et son enfant
Ou bien à une jeune fille blonde.
Parfois il pense avec nostalgie
Que c'et beau le monde extérieur
Et déjà il voit les bras qui s'ouvriront
Pour l’accueillir à son retour
Et déjà il voit des gens
Qui se lamentent sur son martyr.
Pourtant quand il a tout appris
Et qu’il revient chez lui,
C’est à peine si on lui sourit.
Sa mère le trouve beau en militaire,
Son père lui dit que c'est le bon temps,
Sa soeur ne lui dit rien
Et son chien non plus.
Alors dans sa tête quelque chose éclate :
- Approvisionnez, armez
- Une fleur de pommier
- Sur les cibles correspondant à vos numéros
- Une mère et son enfant
- Feu à volonté
- Une jeune fille blonde,
Dans sa tête il voit le feu sortir d'un canon
Et la plage, et la mer et les vagues,
Une Jeune fille blonde
Se jette à l'eau et nage
Un poisson chat la regarde,
Notre jeune homme prend sa tête dans les mains
Et pleure.
Personne n'a compris
Pas même sa mère
Que pour qu'il n'y ait plus jamais la guerre
II faut supprimer le service militaire.