Voilà des décennies que l’on parle des effets dommageables des pesticides pour l’environnement et la santé. Après presque un demi siècle d’usage, les pathologies apparaissent et les premières victimes en sont les agriculteurs eux-mêmes. Les plus concernés ont entre 40 et 50 ans et sont atteints de cancers du sang, de la prostate ou de la vessie, de la maladie de Parkinson ou d’un lymphome.
Pendant longtemps, les agriculteurs malades des pesticides, par dignité ou résignation, ont préféré se taire. Mais voilà que certains ont décidé de rompre ce silence et ont créé l’association Phyto Victimes le 19 mars 2011 en Charente pour susciter une prise de conscience, aider les malades qui n’osent pas parler, et notamment obtenir la reconnaissance de la maladie professionnelle. Pour le seul département de la Charente, il y aurait environ 30 agriculteurs concernés…
Ainsi la jubilation d’avoir éradiqué tous les parasites, obtenu de belles cultures et de bons rendements sombre dans un désarroi sans nom quand c’est le chef d’exploitation qui est atteint, ou le fils de la famille, voire les jeunes enfants…
La profession agricole est en alerte sur cette question depuis déjà une vingtaine d’années, lorsque la Mutualité Sociale Agricole a mis en place un programme de surveillance des intoxications : « Phyt’attitude ». Ce dispositif est composé de médecins du travail, de conseillers en prévention et d’experts toxicologues. Il recense, analyse et valide les informations sur les accidents ou incidents survenus lors de l'utilisation de produits phytosanitaires. Il ne s’agit pas d’un service d’urgence mais d’une assistance pour assurer des conditions de travail plus sûres et des moyens de prévention efficaces. Tous les symptômes peuvent être signalés à la MSA. C’est ainsi que 150 signalements d’intoxications aiguës sont faits par an, ce nombre allant croissant.
La bombe à retardement des pesticides est en train d’exploser. C’est une remise en cause douloureuse pour les agriculteurs qui ont cru en leur métier et au bien fondé des nouvelles pratiques agricoles. Sans doute faut-il revoir les principes d’homologation des produits, les rendre plus sûrs et au-delà, revoir les finalités de l’agriculture et ses pratiques (http://global.arte.tv/fr/2011/02/08/pour-un-debat-public-sur-l%e2%80%99agriculture/).