L’apocalypse
C’est une curieuse façon que de toujours reporter sur « quelqu’un d’autre » les conséquences de ce que l’on décide aujourd’hui à la hâte. Le déficit de la France est de plus en plus impressionnant, malgré cela chaque corporation demande des aides de l’Etat… et dans le même temps une baisse des impôts ! Notre difficulté à maîtriser le temps est aussi le symptôme d’un dysfonctionnement profond de notre société qui affecte notre capacité de représentation de l’avenir. Et si, après tout, l’urgence c’était précisément… de prendre son temps. Il nous faut apprendre à peser les conséquences de nos décisions sur le long terme.
Certes les dirigeants du monde se mobilisent pour éteindre l’incendie, faute de l’avoir empêché. Sans doute la « crise » résulte-t-elle d’une dérive des procédures financières, mais n’est-elle pas aussi l’aboutissement logique d’une société-fric à laquelle nombre d’entre nous collaborent, ne serait-ce que par les jeux d’argent. Maintenant que l’on a conscience de l’épuisement des ressources fossiles et que l’on consomme « à crédit », on peut comprendre qu’aucune croissance ne soit infinie, pas même celle des Humains…
En matière d’environnement, donc de milieu de vie, nous sommes dans une course de vitesse entre des facteurs de dégradation et des facteurs de rénovation, les seconds n’ayant toujours pas rattrapé les premiers. Si bien que le « déficit écologique » continue de s’accroître. Cela peut durer jusqu’à des seuils de rupture qui pourraient être proches. On peut donc penser que lorsque ces seuils seront atteints, il ne restera plus qu’à prendre des mesures drastiques pour tenter d’éviter la catastrophe. On sent bien le désarroi de la classe politique à cet égard. La radicalisation actuelle des mouvements sociaux nous rappelle que les choses peuvent bouger assez vite et se soustraire à tout contrôle. Que pourront faire alors les gouvernants, quels que soient les partis, sinon réagir de façon autoritaire. Acculés, ils seront peut être contraints, un jour pas si lointain, de sanctionner fortement les atteintes à l’environnement, pour tenter de faire face à des défis énormes. Le pire n’est jamais sûr, heureusement, mais il va peut être nous falloir choisir entre la révolution verte, à laquelle chacun de nous peut contribuer, et « la dictature écologiste », à laquelle nous ne pourrons échapper si la crise devait s’aggraver.
C’est peut être cela l’apocalypse, non pas la fin du monde, mais la certitude que le futur ne sera pas ce que l’on pensait, avec toutefois la possibilité de rebondir, de faire une révolution.