« Je vous parle d’un temps que les moins de soixante ans ne peuvent pas connaître » dirait la chanson d’Aznavour… C’était avant 13 heures, sur Radio Luxembourg dans les années 1950, le feuilleton « ça va bouillir » était animé par Zappy Max, incarnant un bouillant reporter de l’Eclat, qui au moment fort de l’action, lançait son expression favorite. Que dirait aujourd’hui le fantaisiste à propos des modifications climatiques, alors que l’on commence à découvrir l’ampleur du phénomène :
- Les pluies torrentielles de juillet dans le sud-ouest de la Chine ont affecté presque 7 millions de personnes dont 250 000 ont dû être relogées. Le quart du territoire chinois consiste maintenant en vastes étendues de sable et le désert gagne 2 500 km2 par an.
- En août l’Inde a connu une baisse saisonnière de 30 % des précipitations, entraînant une forte sécheresse. Celle-ci aggrave les difficultés de l’agriculture, renchérit les denrées alimentaires et génère des conflits armés locaux.
- Les inondations de septembre en Turquie ont fait quelques dizaines de victimes et endommagé 4 000 maisons.
- Les fortes pluies sur toute l’Afrique de l’ouest et centrale de juin à septembre ont provoqué d’importants dégâts et atteint 100 000 personnes au Niger. Le lac Tchad était la 4ème réserve d’eau douce d’Afrique et faisait vivre 300 000 personnes avec la pêche, il a perdu 90 % de sa surface en 40 ans.
- Les conditions de sécheresse du sud-est de l’Australie font craindre une baisse de l’ordre de 60 % sur la récolte de blé. La sécheresse actuelle est estimée comme la pire depuis… 1 000 ans, et le premier ministre considère qu’elle donne un aperçu de l’avenir de son pays.
La perturbation du climat est devenue une réalité, responsable de 300 000 morts par an selon le rapport du Forum humanitaire mondial. Certes, les experts ne sont pas tous d’accord et il est sûr que la diversité et la complexité des mécanismes en jeu doit rendre prudent sur toute projection dans l’avenir. Mais il est avéré que les modifications climatiques agissent sur les rendements agricoles et l’accès à l’eau, éléments forts de déstabilisation et de crises humanitaires, d’autant plus que les pays pauvres sont les plus exposés. Bref, il y aura de quoi alimenter les conversations au sommet de Copenhague en décembre pour les négociations sur le climat. Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, déclarait à ce propos le 3 septembre : « Nous avons le pied collé sur l’accélérateur et nous fonçons vers l’abîme ». Rassurant, non ?