Ce matin, je me suis levé tard, très tard. Après une nuit paisible, je suis resté accolé à Nicole sur le lit, dans une chaleur délicieuse. Par la fenêtre de la chambre, légèrement entrebâillée, je recevais un léger filet d’air dans une lumière d’automne des plus gaies. J’apercevais au fond du jardin un érable champêtre, comme ils disent. Mais un arbre peut-il être autre chose que champêtre ? Celui-là, en tous cas, était devenu jaune, ocre, rougeâtre, une splendeur que je ne me lassais pas de regarder en lissant ma moustache.
Ce midi, je me suis levé enfin pour manger un peu, un mélange de mousselines des plus réussies, au poulet, lapin et rognons. Un vrai délice, je m’en léchais les babines… Côté boisson, je suis plutôt sobre et j’aime bien accompagner mes repas de lait frais, cela me désaltère de façon très douce et agréable.
Ainsi restauré, j’ai pu faire quelques exercices physiques en allant dans le jardin. J’ai bien suivi les allées pour ne pas me mouiller les pieds avec la rosée à peine dissipée. Je n’ai pas fait un grand parcours, mais cette petite promenade m’a ragaillardi à tel point que j’ai pu courir un peu après une pie qui prétendait s’installer sur un rebord de fenêtre. Mais après cette sorte de sprint, j’ai éprouvé le besoin d’une petite sieste.
Je me suis alors installé confortablement sur le canapé, d’où l’on a une belle vue sur le jardin. Mais j’ai vite sombré dans un sommeil profond dont je ne suis sorti… qu’en fin d’après-midi.
En fait, je me suis réveillé tiraillé par une petite faim. Ah cette fringale qui vous prend à l’heure du goûter ! Il restait un petit peu de mousseline que je me suis empressé de terminer, accompagnée de quelques boulettes de viande et légumes. Tout cela accompagné, comme toujours, d’un peu de lait frais.
Maintenant bien réveillé, je suis sorti à nouveau pur aller m’asseoir sur un banc, face au soleil couchant. Les merles sifflotaient, quelques pies jacassaient encore autour du compost et un écureuil montait et descendait comme un fou d’un bouleau. Tout cela m’a un peu étourdi, sans compter le soleil couchant qui maintenant m’aveuglait dans une douce torpeur. Si bien que je sombrais… dans une seconde sieste, à moins que ce ne soit la troisième car je ne sais pas très bien compter.
Plus tard, j’entendis que l’on mettait les couverts et je revins à la maison pour un dernier repas, puis regagnait le lit de Nicole pour une bonne nuit bien méritée.
Oui, c’est vrai, je ne fais à peu près rien, mais je sais profiter de l’air du temps et me régaler de douces impressions. Je suis un chat heureux. Moi chat’va, et Vous ?