Dans le contexte hyper médiatisé de notre époque, il est tentant d’analyser les relations sociales sous l’angle de l’égoïsme, du repli sur soi, voire des oppositions politiciennes, religieuses et sectaires… En France, en particulier, lorsque l’on voit la débâcle du monde politique ou l’emprise des religions sur la société, on peut hésiter à envisager un avenir serein qui permette des choix collectifs en fonction des vrais enjeux, dans une perspective de citoyenneté la plus large.
Alors quand on constate une situation inverse, quel bonheur, quel espoir ! Ce fut le cas à la veille de l’automne 2014, avec la « Marche du peuple pour le climat ».
Après l’échec du sommet de Copenhague de 2009, la réunion de 120 chefs d’Etat au siège de l’ONU devait préparer un éventuel consensus au sommet de Paris de 2015. En effet, alors que les émissions mondiales de CO2 ont progressé de 30 % en 10 ans et battu record sur record depuis 5 ans, les mesures à prendre restent toujours en attente… Nous y voilà !
C’est en réaction à cet attentisme qu’ont été organisés plus de 2 500 défilés dans 158 pays, de Paris à New-York (400 000 personnes), en passant par Londres, Berlin ou Vancouver… pour tenter de faire pression sur les dirigeants pour qu’enfin des mesures radicales soient prises pour stabiliser le réchauffement climatique. Un mouvement citoyen, parmi lesquels beaucoup de jeunes, à la hauteur du défi, sur toute la planète ! Parmi les participants au défilé de New-York, on pouvait remarquer Monsieur Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies, en tee-shirt et baskets. En somme, il s’agissait d’une mobilisation citoyenne planétaire pour faire prendre en compte un enjeu majeur de l’Humanité ! Et dans la foule, le « patron » de la plus importante institution représentant tous les peuples du monde. Un très grand moment, je vous dis.
Certes il faudra beaucoup d’argent pour surmonter ce défi des modifications climatiques, et on est loin d’avoir réuni les fonds nécessaires. Le fonds vert pour le climat nécessite 100 milliards de dollars par an, nous en sommes à 2,5 seulement, mais le monde économique s’est réveillé et affirme être prêt à lutter contre le réchauffement, convaincu il est vrai que la réorientation des technologies vers le « bas carbone » va permettre une relance de l’activité ! Mais si tous les citoyens de la Terre se donnent la main…
Ban Ki-moon déclarait avant de quitter le défilé de New-York le 23 septembre : « Après avoir marché avec ces hommes et ces femmes, je me sens maintenant le secrétaire général du peuple. » Un très grand moment je le répète.