Le parlement, le 23 janvier 2014, a interdit les pesticides dans les espaces verts publics et les jardins particuliers. Mais l’application n’interviendra qu’en 2020 et 2022 et fort heureusement ils resteront autorisés en agriculture, sous le nom de « produits phytosanitaires ». Les « phytos » représentent un marché important en France, environ 110 000 tonnes par an, dont 100 000 tonnes pour l’agriculture, soit un chiffre d’affaires de 6 milliards € pour l’Europe, la France étant le premier utilisateur. La vigne, qui occupe un peu moins de 4 % de la surface agricole utile, consomme 20 à 30 % des pesticides. Bien que la sophistication poussée des substances actives fasse craindre une diminution des doses, les tonnages utilisés continuent d’augmenter. Nous sommes face à une industrie florissante, élément déterminant pour la compétitivité de la France et donc facteur de croissance.
Bien sûr, les « phytos » ont une incidence sur la santé des utilisateurs, ou des consommateurs de produits traités. L’étude épidémiologique de la Mutualité Sociale Agricole révèle que certains agriculteurs « bénéficient » d’un cancer de la prostate, ou des poumons, on d’une maladie de Parkinson. Mais il faut positiver et voir tout cela comme un élément dynamisant pour le secteur médical, surtout les laboratoires pharmaceutiques. Les viticulteurs sont tout particulièrement concernés par des troubles de la reproduction ou des malformations congénitales qui n’ont pas encore trouvé de solutions thérapeutiques. C’est un fort encouragement à la recherche médicale, qu’elle soit publique ou privée. Tout ceci est bon pour l’économie, sans compter que la mortalité s’en trouve augmentée et que les prévisions de croissance du secteur funéraire se situent aux alentours de 2 % pour atteindre 2 milliards €/an, un marché promis à un bel avenir !
C’est une sage décision que de retarder les décisions autoritaires sur l’usage des « phytos ». Il ne faut pas entraver le développement de secteurs aussi importants que ceux là. On peut donc comprendre que plusieurs dizaines de produits soient maintenus sur le marché malgré un avis défavorable de l’ANSES. Après tout, ces produits servent à protéger les récoltes, par exemple les insecticides éradiquent les insectes vecteurs de maladies ou de dégâts comme les cicadelles, il est donc bien normal qu’un viticulteur « résistant », parce que soit disant « bio », connaisse quelques démêlés avec la justice !
Mais que dites-vous, je vous entends mal. Vous êtes agriculteur en mode intensif et vous avez un cancer du poumon. Vous êtes en chimio et ne pouvez plus travailler. Votre fils n’est pas disposé à reprendre l’exploitation et votre fille est stérile. Tout çà est bien embêtant effectivement, mais on ne peut tout de même pas sacrifier l’intérêt collectif à des intérêts personnels ! Allons voyons, pensez à la croissance tout de même !
Et pour en sortir, n’oubliez pas la publication d’une centaine de chroniques 2010-2012, pour esquisser des propositions d’action : LEROND, Michel.- C’est bientôt la renaissance ? Pour sortir de la crise écologique.- Paris : l’Harmattan, 2013.- 156 p.
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