L’Union Européenne s’est donné pour objectif de réduire d’au moins 80 % ses émissions de gaz carbonique d’ici à 2050, par rapport à 1990. Cet objectif s’appuie sur 7 scénarios qui combinent les économies d’énergie, le développement des énergies renouvelables, la séquestration du carbone et… le recours à l’énergie nucléaire. Le secteur de l’énergie, en Europe, génère plus de 50 % des émissions et l’objectif est de l’amener vers une production quasi décarbonée.
Dans ce contexte, réduire les émissions de CO2 fait penser d’abord à l’automobile puisque notre mobilité est très consommatrice d’énergie. C’est pourquoi l’ADEME s’evertue à promouvoir la voiture, les tricycles ou autres scooters électriques. L’objectif est bien d’aller vers une mobilité quotidienne décarbonée avec, en France, environ 2 millions de véhicules adaptés à l’horizon 2020. C’est ainsi que cette préconisation du Grenelle Environnement devrait permettre de diminuer les émissions de CO2 de 17,5 millions de tonnes.
Mais rien n’étant simple, l’exemple allemand refroidit un peu nos ardeurs : le programme très ambitieux lancé il y a deux ans pour développer les véhicules électriques est très loin des résultats prévus… du fait de la lenteur des constructeurs. Reste l’espoir de la propulsion à l’hydrogène, comme s’y emploient les Indiens. La technologie progresse, mais pour parcourir la même distance, le coût de l’hydrogène est deux à trois fois plus élevé que l’essence !
Pendant ce temps-là, le prix des carburants fossiles… flambe, en pleine campagne électorale. Chaque candidat y va de ses propositions « hardies » : gel des prix, réduction des taxes ou accentuation de la concurrence. La dernière idée en date fait fureur : puiser dans les réserves stratégiques, afin d’envoyer un signal politique fort en abaissant le prix à la pompe. Ceci à l’image des Etats-Unis qui sont eux aussi en campagne électorale… Cela ferait toujours quelques centimes de moins par litre pour le consommateur pendant quelques mois. Et après reprise de la hausse fatalement, puisque le fond du problème, c’est bien… le fonds du puits.
La solution la moins politiquement correcte, mais peut être la plus raisonnable, serait bien de laisser filer les prix puisque, l’expérience le montre toujours hélas, ce sera la meilleure pédagogie. Rien de tel pour diminuer la consommation d’un produit que d’en augmenter le prix. C’est alors que viendront, tout naturellement, la mise en application des économies d’énergie, l’innovation pour des véhicules de l’après pétrole, l’arrêt de l’étalement urbain, la décentralisation de l’emploi dans les territoires, y compris ruraux et la mixité emploi-habitat en ville. C’est sans doute dans cet esprit que la Commission Européenne envisage de faire interdire les véhicules à essence dans les centres urbains. De quoi « décarboner » les têtes !