Les discours finissent par nous fatiguer. C’est l’apanage du monde politique et particulièrement de nos présidents. Un ouvrage (Marc-Ambroise Rendu, Des cancres à l’Elysée : 5 présidents face à la crise écologique, Jacob Duvernet, 2007) soutient la thèse que, malgré les informations dont ils disposaient, ils ont tous été des cancres en matière environnementale… Les enjeux économiques l’ont toujours emporté sur les enjeux écologiques, ce qui traduit bien les courtes vues des dirigeants. Depuis 1959, tous les présidents restent dans la tradition française, très formatée par les concepts judéo-chrétiens, qui place l’homme au centre de l’univers pour le gouverner et asservir la nature. Ils croient les ressources inépuisables et la croissance économique est leur objectif permanent, sans jamais avoir le souci de la relation obligée de l’Homme avec la nature.
De Gaulle n’a rien vu venir des crises environnementales. Pompidou crée un ministère de l’environnement, dès 1971, en précisant sauver la nature habitée et cultivée, mais la conférence de Stockholm de 1972 l’indiffère totalement. Giscard d’Estaing s’intéresse plutôt au développement de l’énergie nucléaire. Le chasseur qu’il est aime la nature, mais comme repaire à gibier et les crédits de l’Etat pour l’environnement baissent de 40 % par rapport à l’époque Pompidou. Quant à Mitterand, il a la conviction que la science portera remède à tout, et donc il n’y a pas de problème environnemental. Il inaugure 38 des 58 réacteurs nucléaires existants aujourd’hui. La loi littoral sera votée en 1986, mais le décret d’application sort en… 2000. Le petit-fils de paysan qu’est Chirac garde un intérêt pour la vie rurale, mais pas pour la nature. Il évolue vers une « écologie humaniste » et prononce de beaux discours. Sarkozy fait de l’écologie un cheval de bataille et lance le Grenelle de l’environnement tout en tenant deux discours incompatibles, à la fois sur les méfaits de la croissance et sa nécessaire accélération. Comme la majorité des socialistes, Hollande n’a pas un engouement phénoménal pour l’environnement, bien qu’il ait pris quelques initiatives en faveur de la transition énergétique… à peu près sans lendemain.
Mais alors, comment s’étonner que, selon le Cevipof, les ¾ des Français considèrent que la distinction gauche-droite ne signifie plus rien dès lors que nous vivons dans une société du risque avec une belle indifférence des grands élus du pays. Un sondage de janvier 2014, réalisé par Ipsos-Steria révèle même que seulement 8 % des Français font confiance aux partis politiques et 23 % aux députés. Mais où sont donc les parlementaires qui doivent non seulement voter les lois, mais vérifier leur application et les évaluer. C’est bien à nous, citoyens, qu’il revient de ne plus écouter les discours démagogiques, de ne plus voter pour les cumulards de mandats et d’exiger une vraie « rentabilité politique » des parlementaires. Ce sera cela… ou les extrêmes. A chacun de choisir !