La campagne électorale présidentielle française aborde surtout les sujets liés à l’emploi, au pouvoir d’achat ou la sécurité, ce qui est bien légitime puisque cela correspond à l’attente de très nombreux citoyens. Mais n’est-ce pas le rôle des politiques que d’alerter l’opinion sur les questions prioritaires, avec pédagogie et propositions. C’est ainsi que l’on parle d’économie, sans jamais se préoccuper, ou si peu, ni de la genèse ni de la prospective de ces questions.
Pourtant le mot économie, du grec oikonomia, signifie l’administration de la maison. Le mot écologie lui, vient de oïkos, habitat, et de logos, science ; soit l’étude des êtres vivants dans leur milieu, y compris les Hommes. Il serait donc logique que l’on se préoccupe d’abord d’écologie, puis en fonction de l’état des lieux, que l’on « administre la maison ». Ce raisonnement paraît toujours un peu dogmatique, pourtant c’est de la vie dont il s’agit. Il faut d’abord assurer les besoins primaires (se nourrir, se loger, se déplacer) avant d’envisager autre chose. Si les priorités sont bien celles-ci, où sont donc les propositions ?
Ainsi pour l’eau potable dont la gestion est devenue un défi à relever pour garantir la sécurité alimentaire et qui ne peut être un enjeu de marché. Ceci d’autant plus au moment où l’on découvre que près de 2 millions de Français reçoivent une eau non conforme et que l’agriculture est à l’origine des 2/3 de la pollution de l’eau potable… Il s’agit bien d’une priorité !
De même pour la biodiversité. Si au niveau mondial, de nombreux pays réfléchissent pour prendre en compte le capital naturel dans la vie économique, en France, les décisions reposent sur les bonnes volontés, plutôt que sur une politique ambitieuse, en refusant tout objectif chiffré... C’est bien une priorité !
Concernant le climat, nous allons devoir nous habituer aux désordres climatiques, malgré les avertissements répétés du GIEC, et à gérer des migrations humaines importantes. Tout cela sans qu’il ne soit question de la taxe carbone qu’il faudra bien décider un jour… Voilà encore une priorité oubliée !
L’agriculture n’est-elle pas une autre priorité, en relation avec l’eau, la biodiversité ou le climat. Il faudrait la réorienter vers l’agro-écologie plutôt… qu’assouplir l’interdiction de pulvériser certains pesticides par voie aérienne, comme vient de le faire le Ministère de l’agriculture…
La question du nucléaire a été évoquée, mais où est la vision globale de la politique énergétique ? La filière a pris l’importance que l’on sait avec beaucoup de doutes sur la sécurité et l’approvisionnement en uranium. Il faut donc préparer une transition pour produire de l’énergie renouvelable et sécurisée.
Un lien doit être établi entre la crise économique et la crise écologique, du fait de l’hyperconsommation. Faute d’y réfléchir avec rigueur maintenant, il faudra bien vivre l’austérité demain…