La directive européenne THMPD (Traditional Herbal Medicinal Products Directive) de 2004 est entrée en application le 30 avril 2011, après une longue période de transition. Etant un peu assoupis après avoir, peut être, abusé de tisanes apaisantes, les défenseurs de la médecine naturelle ont vivement réagi à cette nouvelle par force pétitions et manifestations. Sans doute ceux-ci sont-ils coupables de lenteur dans leur réaction, mais on mesure là, une fois de plus, le manque de transparence et de concertation des décisions européennes.
Le but initial, très louable, était de simplifier l’enregistrement d’une substance à effet thérapeutique en fonction de son usage traditionnel. Le résultat est… une usine à gaz qui se révèle très compliquée et très onéreuse (de l’ordre de 60 000 € par produit). Entre autres, l’enregistrement d’un médicament à base de plantes suppose un usage depuis au moins 30 ans, dont 15 au sein de l’UE. C’est ainsi que bien qu’il existe environ 20 000 plantes médicinales dans le monde, dont 1 500 en France, seulement 149 sont autorisées à ce jour, sur les 600 initialement proposées par la Commission.
Sans entrer dans les détails de la polémique en cours, on peut retenir que, certes ce cadre réglementaire contraignant va créer des difficultés pour se procurer certaines plantes européennes, et plus encore asiatiques, africaines ou américaines, mais va aussi remettre un peu d’ordre par rapports aux abus d’administrations nationales ou aux conflits d’intérêts au sein des agences du médicament, notamment en France.
Par contre, la mise en application de cette directive aurait pu être l’occasion de repenser la profession d’herboriste. Bien qu’officialisée en 1778, avec la création d’un diplôme, c’est seulement en 1927 qu’a été fondée l'Ecole nationale d'herboristerie à Paris. Le diplôme de cette école a été supprimé le 11 septembre 1941 par la loi du gouvernement de Vichy qui prévoit que la vente des plantes inscrites à la pharmacopée française est réservée aux pharmaciens et aux herboristes diplômés avant cette date, ce qui condamne la profession.
A l’occasion d’une exposition au Museum de Rouen en 1976, nous l’évoquions dans la brochure d’accompagnement : « Enfin, il faut bien évoquer des falsifications qui prouvent s'il en était besoin que la vente de ces produits doit être rigoureusement contrôlée. C'est l'objet de nombreux laboratoires de recherche et notamment des facultés de pharmacie. La commercialisation de ces produits pose donc des problèmes qui soucient autant les catégories professionnelles concernées que les consommateurs eux-mêmes. » Cela reste d’actualité, il faut un cadre légal à la médecine naturelle et de vrais professionnels pour la mettre en œuvre. Naturel ne signifie pas sans danger.