La chose publique comme l’on dit, la gestion politique d’un territoire m’ont toujours tenté. A peine mes études terminées, je me suis présenté à une élection. Une fois élu, j’ai fait en sorte d’occuper un poste bénéficiant d’une indemnité. Puis je me suis présenté à une autre élection et là j’ai du faire campagne avec un peu plus de ténacité. J’ai fait beaucoup de promesses qui m’ont bien servi pour accéder à un second mandat. Là encore j’ai pu bénéficier d’une indemnité et ainsi vivre correctement.
Quand vint l’échéance de ces mandats, je ne pouvais plus faire autre chose. Il fallait donc que je sois réélu et j’ai dû batailler ferme, c'est-à-dire être à l’écoute en recevant toute personne me demandant un service, écrivant de ci de là pour solliciter un emploi, une bourse, une place en maison de retraite, ou tout simplement un déplacement de l’arrêt du bus scolaire… Oh j’avais bien conscience que cela relevait un peu de la démagogie, mais il fallait absolument que j’assure mon avenir en étant à nouveau élu. Ce qui fut fait pour mes deux mandats. Par précaution, j’en ajoutais un troisième et cumulais quelques fonctions annexes qui m’assuraient d’être toujours sur le devant de la scène.
Les campagnes électorales se succédaient et un jour je fus apostrophé par un contestataire qui osa me demander quel était mon métier. Je répondis la politique. L’imposteur éclata de rire et s’écria : la politique, c’est pas un métier, c’est une fonction, dans un pays démocratique ! Cela me glaça et je ne sus que répondre. Ce n’est qu’au milieu de la nuit qu’une pensée funeste m’est venue : je suis malade, complètement malade… Effectivement, le lendemain je continuais de survoler les rendez-vous, les inaugurations, les réunions, quant aux dossiers… on verrait plus tard avec les services. Mais cette fois, conscient de mon addiction au pouvoir, je manquais un peu d’entrain et me faisais rappeler à l’ordre pour promesses non tenues, engagements non respectés, décisions toujours pas prises… Je m’interrogeais alors sur la suite à donner à ma vie, sur le renouvellement ou pas de tous ces mandats, sur… mon métier. Je ne sus trouver la réponse, ou au moins un échappatoire, et me consolais en pensant que je finirais bien par obtenir une médaille pour une telle longévité.
Au fil des jours toutefois, une rengaine me revenait en tête de façon obsédante : je suis malade, complètement malade, comme quand ma mère sortait le soir, et qu’elle me laissait seul avec mon désespoir. On aurait pu remplacer « ma mère » par « la politique », c’était du pareil au même ! Oui Serge Lama avait bien raison dès 1973… J’ai fini par recevoir, en grandes pompes, la médaille tant convoitée, mais depuis j’ai décidé de me soigner. J’ai trouvé le remède : http://www.michel-lerond.com/article-15883948.html.