L’Académie des sciences publie un dossier intitulé « Libres points de vue d'Académiciens sur la biodiversité » (www.academie-sciences.fr/actualites/textes/points_vue_07_07_10.pdf), à l’occasion de l’Année internationale de la biodiversité. Ce dossier présente les réponses de différents membres de l’Académie, aux questions suivantes : Qu'est-ce que la biodiversité ? Quelle est l'importance écologique de la biodiversité ? Quels sont les principaux bénéfices de la biodiversité pour les hommes et leurs sociétés ? Quels sont les faits nouveaux qui suscitent des inquiétudes chez les scientifiques ? L'homme et la biodiversité. Qu'en est-il pour la France ?
Près de 2 millions d’espèces animales et végétales ont été décrites pour un nombre réel de l’ordre de 10 millions. La diversité écologique est issue de l’évolution, ce qui explique que des espèces et des écosystèmes apparaissent ou disparaissent au fil du temps. Mais le rythme de disparition semble s’être accéléré à l’époque contemporaine, du fait de l’expansion démographique humaine, de la destruction des habitats naturels, de la surexploitation des ressources naturelles, des pollutions et espèces invasives et des changements climatiques. La Conférence des parties de la convention sur la diversité biologique (CDB) des Nations Unies s’était fixé, en 2002, l’objectif de réduire de façon significative la perte de biodiversité d’ici à 2010. Cet objectif n’a pas été atteint. Au contraire, la perte massive de biodiversité (forêts, lacs, récifs coralliens, notamment) a commencé et va entraîner une réduction forte des services rendus par les écosystèmes aux sociétés humaines. Des actions urgentes et d’une ampleur sans précédent sont donc nécessaires, c’est dans cette perspective que le 11 juin 2010, a été créée la plate-forme inter-gouvernementale d’interface science-politique sur la biodiversité et les services rendus par les écosystèmes (IPBES), soit l’équivalent du GIEC pour le climat.
Ce qui frappe à la lecture, c’est le consensus extrêmement large sur le fait que la biodiversité est indispensable à la survie de l’homme, qu’elle est menacée et qu’il est urgent de prendre des mesures drastiques. C’est ainsi que, dans cette semaine à Nagoya, au Japon, lors d’une conférence de l’ONU, la protection de la biodiversité sera un enjeu essentiel, dans la mesure où la disparition des espèces et écosystèmes à un rythme accéléré pénalise en premier lieu les populations les plus pauvres.
Pour qu’un message aussi simple et primordial puisse trouver écho auprès du grand public, je ferai mienne la formule de Robert Barbault, écologue au Museum national de Paris, cité dans le dossier : « La biodiversité, c’est le passage du concept de l’homme et la nature à celui de l’homme dans la nature à tous égards, pour le meilleur et pour le pire ».