VERS QUOI ?
Le réchauffement de la planète est donc avéré. Les conséquences en sont prévisibles, même s’il y a encore beaucoup d’incertitudes. On commence à savoir ce qu’il conviendrait de faire pour inverser le processus, ou au moins pour en réduire les conséquences. La situation, aussi grave qu’elle soit, n’est pas forcément désespérée, pourvu que l’on agisse fortement et rapidement.
Le GIEC a bien insisté le 13 avril 2014, lors de la publication finale de son 5ème rapport : le temps est compté ! Il faut donc agir vite et fort pour atténuer le changement climatique. Pour limiter le réchauffement à 2°, il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 40 à 70 % d’ici 2050 et les réduire à zéro d’ici 2100. Vaste programme !
C’est ainsi que les Américains, jusque là peu enclins à prendre des mesures, envisagent des décisions drastiques pour réduire les émissions, adapter les villes aux conséquences attendues et assurer la transition vers une économie propre. Le sénateur Al Gore, quant à lui, insiste sur le fait que « l’atmosphère est un égout à ciel ouvert », mais il reste optimiste tant les gens ont été frappés par la multiplication des ouragans et inondations, ce qui les amènent à soutenir le président Obama dans ses initiatives. Tout ceci suppose un peu plus de coordination entre les membres du GIEC « qui savent, mais ne décident pas » et les politiques qui « décident, mais ne savent pas », ou n’ont pas envie de savoir…
Pour ce qui est de l’Europe, la Commission vient de présenter le « paquet énergie-climat 2030 » qui envisage de réduire les émissions de GES de 40 % d’ici cette date. Cet objectif, pourtant bien indispensable, paraît ambitieux dans la mesure où les objectifs 2020 ne seront sans doute pas atteints… Lors de leur réunion du 21 mars 2014 à Bruxelles, les chefs d’Etat et de gouvernements des 28 états membres ont décidé… de reporter à octobre 2014, voire début 2015, leur décision relative aux objectifs annoncés ! On peut espérer tout de même que ces discussions constitueront une opportunité pour repenser notre modèle de développement, notamment en ce qui concerne la sacro-sainte croissance. Ce sera particulièrement vrai pour le secteur agricole, puisque l’on prévoit une perte de production de blé de 20 % d’ici 2030.
En décembre 2015, la France sera « le centre du monde » puisqu’elle accueillera à Paris la 21ème Conférence de la convention des Nations Unies sur les changements climatiques, qui devrait sceller l’accord le plus ambitieux jamais pris pour limiter le réchauffement. Il y a du chemin à parcourir, mais espérons que la croisière, au moins un instant, s’arrêtera de chanter et danser pour regarder le gros obstacle qui est devant nous.