Et revoilà la croissance ! Le baratin politico-médiatique n’en finit pas, décidément, de ressasser toujours les mêmes vieilles lunes. Au siècle dernier, en 1972, le Club de Rome publiait un rapport, The limits of Growth, qui modélisait les conséquences du maintien de la croissance à long terme. A l’occasion de la publication de la dernière édition de ce texte en mai de cette année, le physicien américain Dennis Meadows précisait le sens du titre : il s’agit plutôt de savoir ce qui cause cette croissance et quelles seront les conséquences de sa rencontre avec les limites physiques du système.
Même si l’idée la plus répandue est qu’il n’y a pas de limites, il est facile de comprendre qu’il y a nécessairement des limites à la croissance de la population, de la consommation de ressources naturelles, ou du PIB… (http://www.michel-lerond.com/article-vous-avez-dit-croissance-67734984.html). Voilà 40 ans que cet appel de bon sens a été lancé, et nous voyons bien à travers l’actualité combien le dépassement (au moins tenté) des limites, nous conduit dans l’impasse.
Le domaine le plus pédagogique devrait être celui de l’énergie. On a très certainement dépassé maintenant le pic de la production pétrolière, la demande ne cesse de croître, et les solutions de remplacement ne sont pas là. Comment résoudre cette équation impossible ?
On peut douter que les incantations suffisent à faire revenir une croissance évanouie. Il faudrait surtout reconsidérer l’analyse économique de la situation et redéfinir les objectifs, le dessein collectif, pour choisir le moyen d’y parvenir. (http://www.michel-lerond.com/article-economie-ecologique-102351882.html)
Ici ou là, on se révolte contre l’austérité, ce qui est bien compréhensible, mais peu raisonnable si l’on considère que la « relance de la croissance » est financée par des dettes toujours reportées sur nos successeurs…
La croissance verte peut constituer un moindre mal et apporter de vraies solutions pourvu que l’on définisse d’abord ce qui répond aux besoins du plus grand nombre en termes d’alimentation, de logement, de santé, etc. plutôt qu’en termes de résultats financiers. C’est le rapport sur les « Perspectives de l’environnement à l’horizon 2050 », publié par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) fin mars qui l’affirmait : Il ne suffira pas d’amender nos modèles économiques, il faut trouver de nouvelles voies et de façon urgente.
Ce n’est pas d’une simple crise, parmi d’autres, dont il s’agit, mais de la nécessité d’une mutation profonde.