La ville devient parfois un refuge de vie sauvage inattendu et efficace. Cette situation paradoxale a déjà été évoquée à propos des abeilles (http://www.michel-lerond.com/article-36370896.html).
C’est ainsi que malgré la récurrence de l’étalement urbain, la réflexion progresse à propos des documents d’urbanisme qui, de plus en plus souvent, envisagent les conciliations possibles entre l’urbanisation et la biodiversité, voire l’agriculture. Cela se traduit par une évolution dans la conception des espaces verts, afin que ceux-ci soient davantage des refuges de nature ordinaire, plutôt que des compositions florales savantes. De même, on redécouvre parfois tout l’intérêt de sauvegarder ou recréer en ville des jardins familiaux, voire des espaces de maraîchage comme cela existait autrefois, permettant ainsi une production alimentaire de proximité en vente directe.
Dans certains cas, cette recherche de conciliation entre l’urbanisme et la nature va encore plus loin avec, par exemple, des toitures végétales d’habitations ou de bâtiments publics. Ainsi, le gymnase Vignoles dans le 20e arrondissement de Paris a été conçu afin d’offrir sur son toit 600 m2 de terrasses cultivables dans le cadre d’un jardin d’insertion sociale. C’est un exemple de réalisation qui devrait se multiplier dans le cadre du « plan biodiversité » adopté en novembre 2011 par la mairie de Paris qui prévoit 15 autres jardins en terrasses et 40 mares. Cette réconciliation nature-ville est aussi une occasion de faire travailler ensemble architectes, naturalistes et paysagistes, pour le plus grand bénéfice des habitants. Outre cette convivialité retrouvée entre acteurs, les avantages tiennent aussi à une isolation plus performante des bâtiments, une meilleure régulation des eaux de pluie, un équilibre paysager plus « naturel » et une plus grande diversité biologique.
On peut même aller jusqu’à concevoir un parc naturel urbain, comme à Poitiers sur les rives du Clain et de la Boivre ou comme à Rouen sur les bords du Robec et de l’Aubette.
Par ailleurs, le "plan restaurer et valoriser la nature en ville" est l’un des engagements du Grenelle de l’Environnement. Les enjeux sont en effet importants puisque la nature en ville rend ces services à peu de frais en redonnant à l’espace urbain tout son charme.
Pendant ce temps, à la campagne, la vie continue : retournement des prairies pour mise en cultures intensives, arrachages des haies, comblement des mares… situation paradoxale, n’est-ce pas ?