Mon costume est tout vert, veste et pantalon, mais aussi chaussettes et chaussures. Vert pomme. Pour la cravate, j’ai craint que cela fasse un peu chargé et j’ai opté pour le col de chemise ouvert, plus convivial. Je porte ce costume pour chaque intervention médiatique ou toute manifestation publique. Bien sûr, c’est un peu provocateur, mais je l’avais annoncé pendant la campagne et j’ai tenu mon engagement : le vert, c’est maintenant ! Je suis président de mon pays et j’ai décidé de remettre les choses en ordre. Mes opposants, nombreux, me surnomment « le dictateur vert », c’est un peu exagéré, mais…
Tout jeune déjà, je me sentais très concerné par le marxisme, mais je n’avais pas encore compris à ce moment que ce système politique peut fonctionner avec des fourmis, des abeilles ou peut être des étourneaux, mais pas avec des hommes… qui sont trop sensibles, autonomes et parfois contradictoires, pour s’en remettre toujours à l’Etat. Il m’a fallu renoncer à cette idée, mais pour autant, je crois que l’Etat doit assurer avec autorité ce qui permet de garantir une vie collective équilibrée et acceptable par tous. C’est pourquoi, dès mon élection, pour être opérationnel, j’ai supprimé le Sénat qui ne servait plus à rien, j’ai réduit le nombre de députés à 400, avec mandat exclusif et jetons de présence pour percevoir les indemnités. J’ai aussi nationalisé et réorganisé tous les dispositifs de contrôle sous la responsabilité de l’Assemblée Nationale, que ce soit pour les pollutions, l’alimentation, les médicaments, etc. C’est à l’Etat qu’il revient de contrôler si ce qui est produit est sans nuisances graves et issu de circuits courts. La « libre entreprise » n’est pas interdite, mais elle doit produire des choses utiles. Concrètement, cela s’est traduit par l’instauration de la taxe pour l’environnement, la TPE, qui permet de réguler le marché et la consommation. Tout ce qui est néfaste à la santé ou l’environnement est taxé à 25 %, comme par exemple le gas-oil ou les fruits et légumes importés alors qu’ils peuvent être cultivés ici. Tout ce qui comporte des impacts importants sur la santé ou l’environnement est taxé à 50 %, comme par exemple les cultures avec éradication des haies, talus et mares ou les transports de marchandises non périssables effectués par camions sur de longues distances. Au-delà de ce qui relève de la taxation, les produits et fabrication sont tout simplement interdits.
La finalité de l’emploi n’est plus la compétitivité ou le profit, mais le bien être que cela apporte et la satisfaction que procure le travail, avec une meilleure répartition : travailler moins pour travailler plus nombreux. Ce nouveau mode de fonctionnement de notre économie mêle secteurs publics et privés, mais l’Etat reste maître du jeu. Ainsi, avec mon costume vert, j’agis ! Face à la contestation, je ne fais pas d’électoralisme puisque je ne ferai qu’un seul mandat de président. Ah si le vert, c’était maintenant !