Le futur génère souvent des craintes. Peur des fins de mois difficiles, du chômage, de l’avenir de nos enfants, telles sont les craintes les plus courantes par temps de crise. Mais les vraies peurs sont celles les mieux dissimulées, liées aux évolutions climatiques ou à la dégradation généralisée de notre environnement. Pour beaucoup d’entre nous, la connaissance de ces phénomènes est trop superficielle, qui plus est trop dogmatisée par les médias et les groupes de pression, pour que l’on puisse exprimer des craintes fondées sur un argumentaire valide. La culture scientifique n’étant pas ce qui caractérise le mieux nos élites, la mutation sociétale actuelle leur échappe en grande partie. Faute de guides, l’appréhension de phénomènes complexes n’en est que plus aléatoires pour nous, ce qui peut renforcer l’angoisse devant l’avenir. Ceci est vrai aussi pour les enseignants peu préparés, ou pas du tout, à la connaissance du fonctionnement du cerveau, aux nouvelles technologies ou au travail en réseau. On sent confusément qu’il va falloir, à un moment donné, trancher dans le vif et prendre des décisions désagréables, en somme « payer l’addition » de nos erreurs passées… Face au rabâchage des dogmes économiques, nous peinons à trouver des formes de résistance collectives adaptées et si possible… sans douleur.
Pourtant, le futur se construit inévitablement, avec des orientations nouvelles telles que l’économie positive, si chère à Jacques Attali, qui vise à servir les intérêts des générations à venir plutôt que ceux des actionnaires court-termistes… L’échange gratuit d’informations lié aux nouvelles technologies contribue de fait à l’émergence d’une économie de la gratuité. Cette libération de l’information est une rupture culturelle qui bouleverse le monde du travail en remettant en cause les principes de propriété et d’autorité. Simultanément la relation au temps évolue avec un souci de plus en plus prononcé d’utiliser son temps pour la création sous toutes ses formes. Une nouvelle conception du travail apparaît avec un fort souci du contenu, créateur et valorisant.
Au-delà de tous les poncifs, le monde de l’enseignement doit se réapproprier le monde réel, celui d’aujourd’hui qui lie davantage économie et vie sociale. Quelle bonne nouvelle que d’apprendre la création de réseaux universitaires internationaux tels que l’Initiative étudiante internationale pour l’économie pluraliste (http://www.isipe.net/home-fr/) qui prône cette condition au débat ouvert et à la démocratie. Parallèlement apparaît le temps du « Commun », celui qui doit permettre de sortir de l’alternative entre l’Etat et le marché, et sous-tend l’idée de tâche collective et d’obligation mutuelle, avec lesquelles nous devrions être égaux dans l’élaboration des buts d’une activité.