Un antibiotique est destiné à tuer des bactéries pouvant générer une maladie, mais il est totalement inefficace contre les virus. Ainsi on peut soigner la pneumonie ou la coqueluche, maladies d’origine bactérienne, avec un antibiotique, mais pas le rhume ou la grippe, dues à des virus. Dès lors, il convient de bien adapter le traitement à chaque cas et de ne pas prendre des antibiotiques « par habitude », comme si ce remède soignait tout, tout de suite. D’où la campagne d’information « les antibiotiques, c’est pas automatique ».
En effet, la France est le pays le plus consommateur d’antibiotiques en Europe. Certes la découverte des antibiotiques a révolutionné la médecine et sauvé des millions de vie. Pour autant, ce ne sont pas des remèdes miracles et leur abus peut provoquer l’adaptation de certaines bactéries qui deviennent alors résistantes. C’est pourquoi, depuis quelques années, on voit apparaître des souches de bactéries qui sont insensibles aux antibiotiques habituels. La campagne d’alerte a porté ses fruits et a permis de recadrer l’emploi de ces médicaments.
Mais comme souvent dans notre société complexe, si la campagne « médicale » a été efficace, elle souffre par ailleurs d’une incohérence notoire du fait de la contamination de l’environnement un peu… automatique, par les antibiotiques. Bien que les stations d’épuration soient de plus en plus performantes, elles laissent passer des produits médicamenteux provenant de nos toilettes. Les doses sont minuscules, mais néanmoins elles préoccupent les médecins quant aux conséquences à long terme d’une absorption régulière, même à doses très faibles. Les résidus d’antibiotiques se retrouvent, de ce fait, dans les cours d’eau, les nappes souterraines et même notre alimentation puisque l’industrie agroalimentaire a souvent recours aux antibiotiques (de façon illicite) pour la nourriture des bœufs, veaux, et surtout porcs, lapins et volailles afin d’en accélérer la croissance. Si bien que ces produits se retrouvent, en quantités infimes c’est vrai, dans notre alimentation. Les quantités d’antibiotiques vétérinaires utilisés en France sont de l’ordre de 1 000 tonnes par an.
La mobilisation politique est générale sur cette question : la Commission européenne a interdit l’utilisation des antibiotiques pour stimuler la croissance des animaux depuis 2006, et a mis au point, fin 2011, une « stratégie quinquennale sur la résistance aux antimicrobiens ». Le ministère français de l’agriculture prévoit 40 mesures préventives à cet égard .
Afin de ne pas participer nous-mêmes à cette contamination, faible mais généralisée, il convient de ne pas jeter d’antibiotiques périmés ou inutilisés, dans les toilettes ou la poubelle et les rapporter au pharmacien ou à la déchetterie dans la case « produits toxiques ».