Il y a bien longtemps que nous nous interrogeons sur les frontières qui existent, ou pas, entre l’homme et les autres espèces animales, au point de nous demander si nous ne serions pas tous des singes ? Le changement récent de statut juridique des animaux pour les considérer désormais comme des « êtres vivants sensibles » et non plus comme des « biens meubles » constitue une avancée certaine. On conçoit bien que cette évolution concerne d’abord les animaux dits « de compagnie », mais peut-être y a-t-il encore du chemin à faire pour la faune sauvage. C’est ainsi que nombre de chercheurs ont été frappés de constater l’empathie qui peut exister entre certains grands singes ou même parfois chez les souris, les rats ou les éléphants… Mais si cette empathie peut être très marquée chez les bonobos par exemple, les chimpanzés peuvent faire preuve parfois, au contraire, d’une forte xénophobie. Des sentiments humains en somme… Toutefois, les hommes constituent quasiment la seule espèce capable de s’organiser méthodiquement pour tuer un grand nombre de leurs congénères, ils appellent cela la guerre…
Longtemps l’animalité a été perçue chez l’homme comme une régression, dans un contexte où la domination de la nature par l’homme semblait aller de soi. Mais des études récentes ont montré que cette domination n’était qu’une vue de l’esprit et qu’au contraire, l’homme et la nature sont partie liée.
C’est ainsi que l’on sait, depuis peu, que l’origine de la pandémie de sida (VIH) provient de chimpanzés camerounais qui, vers 1920, ont contaminé un homme qui a propagé la maladie, amplifiée par la prostitution et le manque d’hygiène. C’est dans les années 1960 que le VIH « conquière » d’autres états africains et les Etats-Unis pour infecter 75 millions de personnes et en tuer 36 millions… Plus récemment, on constate un processus de même type avec le virus Ebola. Ce constat pourrait donner à penser que la nature est surtout maléfique pour l’homme. En fait, il existe des relations étroites homme–nature qui rendent les êtres vivants largement interdépendants. Certains chercheurs sont ainsi persuadés que la déforestation de la Guinée a contraint des chiroptères (chauve-souris), porteurs du virus Ebola, à se déplacer et se rapprocher des villages, augmentant ainsi les risques de transmission aux hommes. En Asie du Sud-Est, la destruction de la forêt primaire a contraint des populations de macaques à se déplacer en transmettant une souche virulente de paludisme aux hommes. En résumé, cela signifie que la destruction des milieux naturels peut avoir des impacts importants sur la santé humaine. Il n’y a donc pas à opposer l’homme et la nature, il faut prendre en compte les synergies obligatoires du monde vivant, parfois pour le meilleur… ou pour éviter le pire.
Moi grand humain, voudrait être l’ami de petit singe.