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  • : Le blog de Michel Lerond
  • : Libre opinion sur les questions d'actualité en environnement et développement soutenable
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  • Michel Lerond
  • Ecologue et essayiste. Dans notre pratique professionnelle, nous avons pu contribuer, notamment, à un meilleur accès à l’information sur l'environnement.

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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 08:45

        C’était un beau matin de juillet, ciel bleu et soleil doux. En pleine lumière, Nathalie était très belle. Ses cheveux mi-longs, son sourire tendre, et « tout ce qu’il faut, là où il faut », comme disent les hommes un rien macho, la faisaient très séduisante. Sans concours, ni élection, Nathalie était considérée comme la plus belle femme du village. Elle avançait sur le trottoir de la rue centrale, tenant par la main son petit Valentin, blondinet de trois ans. C’était à croire que les grossesses la rendaient encore plus belle, son ventre lourd la cambrant un peu plus.

        Soudain, cette scène estivale fut troublée par un bruit assourdissant. Une voiture venant de la gauche freina sans succès et s’encastra dans le mur d’en face. Nathalie avait été happée par l’avant de la voiture, projetée sur le mur et retombée à son pied. Comme adossée, elle avait les jambes légèrement repliées, semblant vouloir encore protéger le contenu de son ventre, malgré une immense tâche de sang qui recouvrait le trottoir. Valentin avait été accroché par le pare-choc et propulsé sur le côté. Au passage sa main avait été arrachée et projetée en l’air. Cette petite main virevoltait interminablement, avant de retomber sur le store d’un magasin, comme une ponctuation désignant l’enseigne : Baby Fringues.

        La voiture était totalement enfoncée de l’avant et le conducteur, visiblement assez sonné. C’était le vieux Fernand, âgé d’environ quatre vingt dix ans. Il y a peu de temps, le maire du village avait rencontré son fils, au risque d’être accusé de délation, pour lui faire part de son étonnement à voir Fernand chaque jour au volant de sa voiture, bien qu’il soit reconnu comme atteint gravement de la maladie d’Alzheimer. Bruno avait soutenu son père en précisant qu’il n’allait que de chez lui à la boulangerie, tout juste un kilomètre, que c’était son seul plaisir de la journée, et qu’il ne pouvait rien arriver sur un aussi petit trajet qu’il connaissait si bien. Et donc il n’était pas question de lui enlever ce plaisir.

       Les gendarmes sont arrivés très vite sur les lieux de l’accident. L’un d’entre eux a reconnu Fernand et s’est dirigé vers lui. Alors Fernand, avec un large sourire l’interpelle : Bonjour mon commandant, quelle animation dans le pays ce matin !

      Nathalie a quitté les lieux sous le plus beau linceul du village. Valentin est parti dans une voiture rouge qui faisait pinpon, pinpon comme celle qui l’amusait tant dans sa chambre.

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commentaires

L
Fiction où réalité, cet accident peut nous arriver à tous: soit comme l'auteur ou la victime de ce même accident.
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D
Il a le don, le bougre, de nous faire nous interroger.<br /> Je suis sur que vous avez été nombreux, comme moi, à tout de suite, inconsciemment, réfléchir et chercher si ce "fait "divers" s'était produit près de chez moi, concernait des personnes que je<br /> connais ;<br /> comme si le fait que si cela arrive ailleurs et concerne d'autres gens, que je ne connais pas, rendait les faits moins graves, moins douloureux. Nous "déculpabilisait", en quelque sorte.<br /> Mais non, sentons nous toujours concernés, toujours solidaires, et ce sera un autre pas en avant !
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M
<br /> <br /> Merci Daniel. Effectivement, cette mini-nouvelle n'est pas tout à fait une fiction. Cela s'est produit, il y a environ un an près de chez moi : un vieux monsieur Alzheimer a tué, avec sa voiture,<br /> une jeune femme d'une quarantaine d'années. Ce genre d'accident est heureusement rare, mais pause la vraie question de la possibilité de conduire pour des personnes qui n'ont manifestement pas<br /> toutes leurs facultés. L'aspect juridique de cette question reste assez flou et ambigu.<br /> <br /> <br /> Michel<br /> <br /> <br /> <br />
P
;( comme écrivent les jeunes
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