Nous continuons la découverte d’une série de paysages du Pays de Bray, à travers quelques extraits littéraires.
Une contrée sauvage et peu peuplée :
La Varende. Par monts et merveilles de Normandie. Ed. posthume 1968.
« Vallée, la chère vallée des hommes ! Des deux bords de la dépression on apercevra le vert précipice, l'immense falaise herbue. Dedans, la route serpente, se tortille, les eaux fluent, les arbres se referment sur vous. Attention à ne pas s'égarer. Aucune vraie signalisation méthodique n'est possible. On ne verrait que des panonceaux. Le Pays de Bray ne comporte que des chemins sans grand-route. Les jours sans soleil, la fréquentation devient difficile. Vous arrivez sud quand vous visiez nord. Il faut marcher là-dedans à la boussole. »
Le Moyen Age : l'alimentation, la vigne, le temps :
Delisle. Etude sur la condition de la classe agricole et de l'agriculture en Normandie au Moyen Age. S.d.
« En 1053, longue sécheresse. En 1091, pluies excessives, les fleuves se gèlent. Le 24 décembre 1108, beaucoup d'arbres et d'édifices sont renversés par le vent. Le 23 juin 1287, une pluie de pierres avait fait de grands dégâts dans les champs, surtout aux environs de Neufchâtel. »
Ah la vache ! :
Centre de création rurale du Pays de Bray. Notre lait quotidien. 1983.
« A la fin du 17ème siècle (Louis XIV)... un sondage dans les rôles de «l'élection» de Neufchâtel, qui comprend le cœur du Bray et ses marges cauchoises et picardes, fait apparaître un écart considérable entre les paroisses brayonnes riches en vaches et les paroisses voisines moins bien pourvues, avec une structure des «troupeaux» très différente. Des troupeaux de 10 vaches, 20 vaches même ne sont pas rares en Pays de Bray alors que 1 ou 2 vaches sont la règle ailleurs... A la veille de 1914, les traits dominants du paysage brayon
sont en place. L'herbe domine partout, souvent à 90 %. Elle envahit les marges, mais les labours subsistent, importants dans certains secteurs (sur la plateforme de la gaize, entre La Ferté et Argueil), partout nécessaires pour produire la paille indispensable aux étables, l'avoine des chevaux et le seigle sur lequel s'affinent les « Neuchâtels ». La cohabitation des brayons et de leur bétail, richesse et gagne-pain se traduit par une imprégnation des mentalités, évidente au travers des témoignages mais difficile à cerner... »