Il est toujours très utile de se retourner sur le passé pour envisager l’avenir, c’est une évidence. Par exemple, les 19 et 20 septembre 1979, le CNRS organisait un colloque à Paris sur le thème « Les connaissances scientifiques et le développement et la gestion des ressources et de l’espace ». J’y participais et je me souviens que parmi l’abondance des propos, il fut dit :
- Il existe un dilemme profond entre écologie et développement. Il faut définir la contribution des écologues au développement.
- Il y a un manque d’articulation entre écologie et écologisme.
- L’éco-développement est un pléonasme : il n’y a pas de développement unidimensionnel possible.
- L’état de santé doit prendre en compte le bien être complet de l’individu : physique, psychique et social.
Dix ans plus tôt, en 1969, c’est André Bettencourt, Ministre délégué chargé du Plan et Aménagement du Territoire qui proposait un « Plan protection nature ». Puis en 1970, Giscard d’Estaing faisait accepter la création d’une Direction de la Nature au sein du Ministère de l’Agriculture. Tout cela annonçant la création du Ministère de la Protection de la Nature et de l’Environnement, avec Robert Poujade, en 1971.
Plus tard, en 1991, Jean-Paul Deléage (universitaire spécialisé dans l’histoire des sciences) publiait son ouvrage « Histoire de l’écologie. Une science de l’homme et de la nature ». Il y écrivait notamment : « Par quel miracle trouver une solution à l’actuelle crise socio-écologique du monde, sans une inversion radicale des priorités sociales et des choix écologiques qui précisément l’ont précipité dans cette crise ? (…) En les conduisant au seuil d’une économie-monde, le capitalisme industriel, dans ses versions historiques classiques comme dans ses divers avatars réputés socialistes, a projeté les sociétés humaines dans un nouveau rapport à la nature : celui d’une écologie-monde. Telle est sans doute l’origine première de l’émergence récente de nouveaux mouvements sociaux, qui par-delà les frontières, invoquent la science écologique comme fondement rationnel d’un nouveau rapport des sociétés humaines à la nature, car il convient donc de lutter sur tous les fronts, non seulement pour la nature, mais aussi pour l’homme. »
1980-1990, ne seraient-ce pas là les années charnière, là où les orientations qu’il fallait prendre n’ont pas été prises… C’était, après les défricheurs des années 1960-70, le temps des pionniers comme nous l’avons évoqué dans « Le développement soutenable ». Il n’est pas trop tard, il y a simplement urgence à intervenir !