C’était au début des années 2000 dans un pays qui se croyait encore grand, mais qui en réalité était bien riquiqui. Il s’agissait de désigner le roi du carnaval du mardi-gras parmi les animaux qui peuplaient ce pays.
Depuis un moment déjà, on entendait dans le lointain un bruit sourd qui se rapprochait. Le bruit prit de l’ampleur et le rythme devint plus rapide : ranplanplan, ranplanplan ! A la tête d’un grand nuage apparut un éléphant et à ses côtés une souris très agitée. Tous deux allaient bon train et, passant à notre niveau, on entendit la souris dire, en se retournant : « t’as vu toute la poussière qu’on fait ». Lui s’appelait Lafinance et elle, la petite souris, Sacari. Il y eut effectivement beaucoup de poussière, mais si l’on revit souvent Lafinance, Sacari n’avait fait que passer… Il y avait aussi un certain Ohla qui prétendait avoir été éléphant, au Péesse disait-il. Mais après un régime drastique il était devenu un canard, assez majestueux c’est vrai, qui essayait d’imiter le paon faisant la roue. Et puis il y avait ce serpent, persiflant sans cesse, non sans une certaine vérité dans la tonalité, celui-là c’était Coudetorchon. Et puis Lamarine, cette otarie qui faisait beaucoup de bruit en frappant sans cesse ses nageoires sur le sol, mais sans avancer vraiment. Parmi ce joyeux carnaval des candidats au trône, on notait aussi la présence de Béret, que certains appelaient Bénet, un gros chat qui roulait toujours au milieu de la route avec son tracteur.
Il y avait aussi un vieux lion de Belfort à la crinière défraîchie, Leutché, mais il s’était rendormi après avoir poussé un vague rugissement à peine audible. De même pour Cricri la grenouille, qui ne s’écartait jamais beaucoup du bénitier, et qui après avoir sautillé en tous sens était allée jouer avec Sacari la souris. Tout comme Morue le chacal, qui se donnait des airs guerriers pour finalement rejoindre Cricri et Sacari.
Et au-dessus de tout ce petit monde, volaient d’innombrables mouches, ne sachant trop vers qui se diriger. Et puis des abeilles butinaient de fleur en fleur pour ne retenir que le meilleur et faire avancer le monde malgré tout, avec un regard méprisant pour ce carnaval un peu… dérisoire. Quant aux moustiques, ceux-là piquaient tout un chacun pour profiter, sans rien donner.
Mais que n’ont-ils pas vu, ces pauvres animaux, que la désignation de leur roi était bien factice, puisque bien sûr, c’était le gros éléphant Lafinance, qui écraserait tout le monde. A moins qu’un jour les mouches, et surtout les abeilles, ne s’organisent en ruches bien construites et autogérées pour envoyer Sacari, Ohla, Béret et tous les autres, et surtout Lafinance, dans des maquis douteux ou vers les bas fonds.
PS (Il faut comprendre post scriptum) : ceci n’est qu’une fable et toute ressemblance avec des animaux existants ou ayant existé serait purement fortuite.