Pierre-Noël Frileux fut un maître pour nombre d’entre nous, écologues et environnementalistes. Né juste avant la seconde guerre mondiale, il a gardé tout au long de sa vie la modestie de ses origines paysannes, bien qu’universitaire de haut niveau et reconnu comme tel.
En tant qu’enseignant, il a marqué plusieurs générations d’étudiants par la pédagogie de ses cours, toujours illustrés d’exemples concrets et reliés à une expérience de terrain, qui donnaient aux fondamentaux de l’écologie une teneur concrète. Il fut à l’origine de l’un des premiers diplômes supérieurs en environnement au niveau national, la Maîtrise des sciences et techniques de l’environnement, qui perdura pendant plus de 20 ans. Cette formation a ravi de l’ordre de 500 étudiants qui, pour un certain nombre, occupent maintenant des fonctions des plus importantes dans ce secteur. Avec les collègues de son laboratoire, le professeur Boullard, Mmes Gaudray et Loquet, et bien d’autres universitaires de Rouen ou des intervenants externes, il a su intéresser les jeunes en quête de nouveauté avec un tel succès que certaines années il a fallu refuser plusieurs centaines de candidatures à cette MST environnement !
En tant que scientifique, il a effectué de nombreux travaux, notamment sur les tourbières du Pays de Bray, en Normandie, ce qui fut le sujet de sa thèse, « Les groupements végétaux du Pays de Bray. Caractérisation, écologie, dynamique », soutenue le 27 avril 1977. Seul, ou en équipe, il a participé à nombre d’inventaires floristiques ou à des réflexions sur des projets d’aménagement. Son grand souci de vulgarisation l’a amené à participer à nombre d’institutions ou associations en étant toujours plus « faiseur » que « diseur ». C’est ainsi qu’il a participé à la vie du Parc naturel régional, de l’Observatoire régional de l’environnement, de divers conseils scientifiques, etc. Retraité dans le Tarn et Garonne, il est resté très actif dans les domaines de la botanique, du jardinage et de la randonnée-découverte de la nature. Il avait d’ailleurs créé auparavant, dans le Calvados, sur son domaine familial, un parc-jardin d’une très grande richesse floristique.
Scientifique de haut niveau et gardant une simplicité remarquable, Pierre-Noël Frileux fut avec quelques personnalités universitaires ou du domaine de l’agronomie, un pionnier de la défense de l’environnement. Il savait partager son savoir avec modestie et affirmer ses convictions si besoin, d’où son militantisme associatif. Pierre-Noël Frileux aura ainsi contribué fortement à la prise de conscience des enjeux environnementaux, à la vulgarisation scientifique de ces questions et à leur professionnalisation. Son apport est tel que nous ne pourrons pas l’oublier. Il fut mon maître tant pour ma vie professionnelle que personnelle.