De façon assez récurrente, le principe de précaution est remis en cause, notamment en France… Pourtant, le principe de précaution a été formulé pour la première fois en 1992, dans la déclaration de Rio, puis introduit dans le traité de Maastricht et repris et précisé en France dans la loi Barnier de 1995 et enfin inscrit dans la Constitution française en 2005.
Le problème avec ces “débats de société” c’est qu’il y a toujours un peu trop de parti pris. La discussion devient vite dogmatique, comme si c’était toujours noir ou blanc et la mise en application reste toujours assez problématique. Devenu un élément de clivage gauche-droite, le principe de précaution génère alors un dialogue très démagogique qui s’installe entre lobbies et dogmatistes, au nom du maintien de l’emploi et de la croissance ou, au contraire, pour ne tenter aucune innovation…
Par exemple, à La Faute-sur-Mer, tout le monde savait que l’on construisait en zone inondable, bien que protégée par une digue assez symbolique. On a vu la suite ! Le principe de précaution, alors simple bon sens, aurait voulu que l’on ne construise pas à cet endroit. Autre exemple : les OGM sont potentiellement dangereux au vu de certaines études scientifiques, mais sous la pression du marché et des grands lobbies de l’agro-alimentaire, on en consomme en masse venant d’Amérique du Sud. Alors quels sont les risques réels pour la santé et l’environnement ? Peut-on expérimenter davantage ? La prise de risque est-elle légère ou lourde de conséquences ? A court terme ou à long terme ? Ces questions doivent être posées dans le cadre d’une évaluation contradictoire qui permette de prendre des décisions éclairées.
Voilà bien un débat récurrent qui demande pour chaque cas évaluation pertinente et aussi objective que possible et prise de décision collégiale. Comme en toute chose il faut se garder des excès : on entend parfois des discours totalement absurdes quand, par exemple, quelqu’un déclare “allons-y pour les gaz de schiste, c’est bon pour l’emploi et on verra bien quels seront les problèmes ». A quoi bon de l’emploi si ceux-ci vont de pair avec un risque maximum ?? On a déjà vu cela avec l’amiante, que l’on a continué à utiliser pendant 90 ans après les premiers morts de 1906. Aujourd’hui on est à des milliers de cancers... Bien sûr la technologie et la science pourront apporter des solutions à des problèmes aujourd’hui irrésolus, mais quand et comment ?
La seule réponse possible est donc bien l’évaluation en amont et l’expertise scientifique afin de pouvoir dresser un bilan prospectif coûts/avantages, comme cela se pratique déjà pour un certain nombre d’équipements, en rendant plus transparentes les décisions publiques.