Les expressions les plus courantes ne sont pas obligatoirement les plus claires et les mieux comprises. Il en est ainsi de toute la problématique de la protection de la nature. Bien sûr tout le monde est d’accord pour protéger la nature. Mais ne faut-il pas aussi se protéger de la nature ? Et ne pourrait-on pas se protéger par la nature ?
Le concept de protection de la nature a sans doute émergé à la fin du 19ème siècle au moment où les pollutions industrielles préoccupaient déjà les hygiénistes, mais il a pris toute son ampleur dans les années 1960, avant que l’on ne parle d’écologie et d’environnement. Il s’agissait de protéger les espèces végétales et animales des atteintes portées par les activités humaines. Certains s’en sont offusqués en prétendant qu’il fallait d’abord protéger l’homme et que la nature était à son service…
Par ailleurs, les catastrophes naturelles nous rappellent que la nature peut aussi être très meurtrière. Accélération des phénomènes ou performance des médias, on ne sait pas mais le fait est que ces dernières années, au niveau mondial, entre ouragans, tornades, tremblements de terre, sécheresses ou inondations, il n’y a eu que l’embarras du choix. Mais ces catastrophes naturelles résultent aussi parfois de leur conjugaison avec des facteurs humains. Il en est ainsi des conséquences des inondations (des glissements de terrain par exemple) qui sont amplifiées par les erreurs humaines.
D’où la nécessité de protéger la nature, et de s’en protéger en l’utilisant le plus subtilement possible. En effet, on pourrait aussi faire confiance à la nature, en protégeant les écosystèmes et les sols plutôt que de construire des barrages ou des digues qui finissent par lâcher. C’est tout un changement de culture qui doit s’opérer pour prendre en compte les risques dans l’aménagement, ce qui ne coûte pas obligatoirement plus cher, bien au contraire. Encore faudrait-il que des évaluations économiques des services rendus par les écosystèmes soient faites pour décider en toute connaissance de cause. Mais les choses évoluent, ainsi la ville de New York a investi 5,3 milliards $ en 2010 pour créer des espaces verts sur les toits et les rues pour absorber davantage d’eaux pluviales. A l’inverse il aurait fallu investir 6,8 milliards $ pour construire des canalisations et des réservoirs… De plus en plus en France, il devient prioritaire de restaurer les bassins versants écologiquement afin de prévenir des inondations, ce qui accessoirement évite d’avoir à faire payer les dégâts… par le contribuable.
Il faut s’en convaincre, nous faisons partie de la nature et ne pouvons pas vivre sans elle. Elle nous nourrit, nous habille, nous loge, etc. Il faut donc bien, par lucidité, « faire avec » et la ménager dans notre propre intérêt.