Chacun connaît le livre d’Alain Peyrefitte, le fameux « Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera ». On sait moins que l’homme politique avait repris pour titre, en 1973, une prophétie attribuée à Napoléon. Alain Peyrefitte défendait la thèse selon laquelle, les Chinois si nombreux allaient finir par atteindre un niveau technologique suffisant pour s’imposer au reste du monde. En 1996, il écrivait « La Chine s’est éveillée »…
La Chine est devenue un géant de la consommation, qui porte en soi sa fragilité : elle a d’énormes besoins en matières premières et énergie et doit importer, sa propre production ne suffisant pas. Comme nous le disions déjà il y a cinq ans (http://www.michel-lerond.com/article-20514236.html), la Chine est devenu « leader » en matière de pollution, d’émission de CO2 et de dégradations diverses de l’environnement. C’est ainsi que l’air de Pékin et de nombreuses villes est devenu irrespirable, suscitant l’émigration de Chinois parmi les plus qualifiés ou les plus riches. La croissance urbaine génère des migrations massives de ruraux vers les villes et compromet les équilibres écologiques.
L’ampleur des pollutions est telle que les manifestations et révoltes sont devenues courantes. Une conscience écologique est née et doit être prise en compte politiquement. Les questions environnementales sont devenues primordiales dans le débat public et mobilisent en particulier les jeunes.
L'Empire du Milieu n'aura d'autre choix que de réorganiser sa production, dans un souci de santé publique, de préservation de l’environnement et donc… de survie. C’est ainsi que la part des énergies renouvelables devrait passer de 10 à 15 % d’ici 2020. Mais rien ne sera simple pour assurer la consommation de 1,4 milliards de Chinois, soit 20 % des habitants de la planète, avec une perspective de 1,5 milliards en 2050. Il s’agit là de défis gigantesques pour les dirigeants. C’est ainsi que la Chine continuera à consommer massivement du charbon pendant longtemps, avec les inconvénients que cela présente en matière de rejets de CO2.
Les Chinois passent par les mêmes chemins que nous autres Européens, si ce n’est le changement d’échelle. Mais il faut convenir aussi que la Chine emprunte notre itinéraire, en allant plus vite que nous, y compris en termes de remédiation. La lutte contre les pollutions est en train de devenir un chantier des plus ambitieux de l’équipe dirigeante qui n’aura d’autre choix si elle veut maintenir une certaine stabilité sociale. Les Chinois revendiquent maintenant un « environnement propre » et vont devoir inventer des solutions nouvelles pour produire l’énergie, se déplacer, se nourrir. Une nouvelle révolution est peut être en marche, pour inventer une Chine écologique, en peu de temps !