Il se trouve que c’est en 1961 que je créais un club de naturalistes dont la vocation était « l’étude et la protection de la nature ». Voilà donc 50 ans ! Depuis, les mesures en faveur de notre environnement ont progressé de façon colossale, même si ce fut souvent avec un temps de retard par rapport aux atteintes. Malgré cela de nombreux sujets d’étonnement demeurent…
Malgré tous les inventaires, mesures de protection réglementaires, réserves, parcs, etc. la biodiversité continue de s’appauvrir. Très tôt les forêts équatoriales et tropicales ont été considérées comme un réservoir planétaire de biodiversité. Depuis, en silence, une grande partie de la forêt africaine a été transformée en champs d’ananas ou en oliveraies. Quant à la forêt amazonienne, elle est devenue en grande partie des champs de maïs et soja.
Dès les années 1970, brochures, séminaires, colloques innombrables attiraient l’attention sur l’importance du bocage pour le paysage, la biodiversité, les circulations hydrauliques. Force est de constater que dans certaines régions, comme la Bretagne, le bocage est largement un souvenir… Les labours ont grignoté les prairies permanentes, éradiqué les haies et « désertifié » des régions entières comme une grande partie de la Haute-Normandie.
Bien que l’on ait réduit le nombre de points noirs en matière de pollution de l’eau, la situation reste préoccupante. Pour simplifier, on pourrait dire que de noire et blanche, la situation est devenue grise partout. De plus l’accès à l’eau potable, qui était jusque là une question mineure, est devenu un vrai souci, y compris en zones tempérées. Certaines pollutions de l’air ont été sensiblement réduites, comme les pollutions industrielles. Mais d’autres demeurent, comme les microparticules liées à l’automobile. Certaines restent peu étudiées, comme les pesticides. La montée en puissance des pays émergents remet au premier plan ces préoccupations.
Alors que le premier choc pétrolier des années 1970 avait suscité de nombreuses réactions, les vraies mesures utiles n’ont pas été prises. L’augmentation actuelle du prix des carburants génère de nombreuses contestations, comme si l’on découvrait le problème… Qu’a-t-on fait pour rapprocher domicile et travail et réduire l’usage de la voiture ? Le passage progressif à une société sans pétrole aurait du être commencé depuis 40 ans. Et pourtant, on continue à privilégier la route par rapport au rail, jusqu’au point d’envisager la fermeture de la gare de triage de Sotteville-les-Rouen !
Ces quelques exemples, parmi beaucoup d’autres sont pour le moins irritants. A force de reculer les décisions, il faudra bien un jour intervenir dans l’urgence, avec beaucoup plus de dégâts « collatéraux »… (http://www.michel-lerond.com/article-31873331.html).