La Seine, gigantesque oméga qui se prélasse entre les frondaisons, s’est lovée en un repli utérin pour engendrer une ville : Rouen. C’est ainsi que je commençais dans l’ouvrage « Rouen » (Editions Bonneton, 1990), le chapitre consacré à la nature et l’environnement.
Depuis plusieurs années, la ville et l’agglomération de Rouen multiplient les initiatives pour se réapproprier le fleuve. Profitant du recul du port vers l’aval, pour des raisons économiques, les quais bas ont été réaménagés rive droite, en espaces paysagers et de loisirs. C’est une révolution en marche puisqu’il est question maintenant d’aménagement de la rive gauche en prairies et espaces boisés et de construction d’éco-quartiers sur les deux rives. Rouen recrée de nouveaux espaces de vie et c’est heureux. Dans le même temps, la Région de Haute-Normandie et les deux Départements de l’Eure et de la Seine-Maritime s’engagent dans l’opération « Grande Seine 2015, une Seine d’avenir », avec une large concertation, ce qui témoigne de la volonté unanime de valorisation des berges de la Seine.
Sur la rive gauche, la prairie de Saint-Sever, entre les ponts Corneille et Boieldieu sera constituée d’une étendue herbeuse ouverte sur les perspectives paysagères (Côte Sainte Catherine et cathédrale). Les coulisses de Claquedent, entre les ponts Boieldieu et Jeanne d’Arc, seront un espace de promenade arboré, avec un jardin intime. L’esplanade de la Curanderie, entre les ponts Jeanne d’Arc et Guillaume le Conquérant, sera un espace évolutif pour accueillir les grands événements populaires. Le tout devrait être livré aux Rouennais graduellement avec une échéance finale fixée à début 2014. Ces aménagements seront complétés rive droite pour constituer un nouvel espace vert de 15 hectares et d’un coût de presque 13 millions d’euros.
Après avoir été vécue souvent comme une coupure de la ville entre les deux rives, la Seine retrouve ainsi sa vocation fédératrice.
D’autres villes comme Lyon, Bordeaux, Toulouse ou Paris sont en train également de réaliser de grands aménagements de reconquête des fleuves. Après avoir été abandonnées à « la bagnole », les berges des fleuves sont maintenant un atout majeur pour la réconciliation entre les citadins et la nature. C’est sans doute Toulouse qu va le plus loin dans cette voie avec un aménagement sur 32 km et 3 000 hectares !