L’été 2010 est très chaud et sec ou… très humide, selon les contrées. Ainsi la Russie a connu une canicule avec des températures proches de 40° pendant plusieurs semaines (6° de plus que la moyenne historique). Les incendies qui en ont résulté ont détruit près de 700 000 hectares de forêts et milieux naturels (l’équivalent du quart de la forêt française). Pas très loin, le Pakistan connaît des inondations très importantes qui ont affecté 20 millions de personnes, fait au moins 1 600 morts et détruit 130 000 habitations. Du fait de précipitations supérieures de 15 % aux moyennes saisonnières, la Chine connaît aussi des inondations qui ont affecté environ 300 millions d’habitants (!!), tué 1 300 personnes depuis la mi-juillet et détruit 22 000 bâtiments. Plus au sud, au Niger la sécheresse sévit depuis fin 2009, occasionnant une baisse de 10 % de la récolte céréalière et de 70 % de la production fourragère, et entraînant la famine pour 7 millions de personnes, la moitié de la population.
Tous ces incidents climatiques résultent bien sûr de particularismes locaux et les causes peuvent en être multiples, y compris des modifications profondes des équilibres naturels par les activités humaines. Mais il semble bien que l’on entre dans le scénario global envisagé pour les modifications climatiques : plus chaud et sec ou plus humide, de façon assez aléatoire.
Et en France ? La sécheresse sévit également et 52 départements ont été soumis à des restrictions d’eau. Ainsi, en Seine-Maritime, le déficit de pluviométrie dans les premiers mois de l’année a été compris entre 63 et 82 % selon les contrées. Les agriculteurs ont entamé les réserves de foin pour nourrir les animaux, faute d’herbe dans les prairies et la récolte de blé est médiocre.
En Russie, près de 10 millions d’hectares de blé ont été détruits par la sécheresse, le cinquième du total. La situation est comparable chez les grands exportateurs de blé de l’hémisphère Nord. Ceci explique que le prix du blé ait doublé cet été. Tous ces exemples nous ramènent à des considérations basiques : assurer d’abord l’alimentation des populations. L’agriculture industrialisée a oublié un peu trop vite que la nature garde ses droits. Autrefois le saltus était une terre sauvage qui constituait, de fait, une réserve de nature et une possibilité de cueillette, en complément de l’ager, la terre cultivée. Le saltus, à la végétation diversifiée, était un écosystème fonctionnant de façon autonome et avait vocation, entre autres, à nourrir le bétail. Il constituait ainsi une zone tampon, propre à atténuer les effets du climat sur l’ager.
Alors que nous sommes confrontés à davantage de catastrophes naturelles, on constate que la capacité d’anticipation reste faible et que les réponses ne sont pas au niveau souhaité.