La biosphère, c’est cette fine pellicule à la surface de la Terre dans laquelle prend place la vie, toute la vie. La vie s’appuie, elle-même pour une grande part, sur le sol, celui-ci est donc une ressource essentielle. Pourtant, au terme de 10 ans de travaux d’analyses des sols français, le rapport de l’Institut national de recherche agronomique (INRA) dresse un bilan qui, pour le moins, invite à la réflexion. Béton, érosion et pollution riment en effet avec… disparition.
L’imperméabilisation des sols est ce qui se voit le plus, avec l’étalement urbain, les infrastructures et les grandes surfaces commerciales. Ce « bétonnage » se fait essentiellement aux dépens des sols agricoles. Du fait de pratiques agricoles intensives, toutes les aspérités du paysage (haies, talus ou fossés) sont supprimées, ce qui favorise l’érosion des terres sous l’effet de la pluie et du vent. Les changements climatiques en cours pourraient bien accélérer ce phénomène. Par ailleurs, d’anciens sites industriels ou des décharges, autorisées ou pas, sont concernés par des contaminations, parfois de faible niveau, mais très pérennes dans le temps. Ceci sans omettre les résidus de pesticides, volatilisés bien au-delà des zones d’épandage et qui perdurent dans les sols.
Sous les sols, il y a… le sous-sol, largement exploité lui aussi pour procurer les ressources nécessaires en minerais, produits pétroliers ou gaz. Les conditions d’exploitation sont parfois « limites », engendrant des gros dommages environnementaux en surface et des conflits potentiels entre exploiteurs, parfois néo-colonialistes et pays exploités, parfois peu scrupuleux.
Au total, ce grignotage des terres agricoles en France est en moyenne de 74 000 hectares par an. En Europe, les sols imperméabilisés représentent environ 400 m2 par habitant… Au niveau planétaire, ce sont 25 % des terres agricoles qui sont dégradées ! Cela rend encore plus difficile le défi qui consistera à nourrir 9 milliards d’humains en 2050, pour lesquels il faudrait 70 % d’aliments supplémentaires sur des terres de moins en moins fertiles, voire dans certaines contrées… sans sol.
Cette situation se constate en France malgré les Grenelle ou autres déclarations tonitruantes, malgré les directives européennes ou de la FAO (Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) au niveau mondial. Prenons garde aux conflits dont sont porteurs les accès aux denrées alimentaires, aux ressources naturelles, à l’eau en particulier. Beaucoup d’entre nous, dans leur village, dans leur quartier, dans leurs responsabilités locales ou professionnelles peuvent amorcer un virage. Il est grand temps d’agir, mais il est encore temps d’investir pour l’avenir. Quel beau challenge pour la jeunesse.