En juin 2012, Rio de Janeiro accueillera le Sommet de la Terre, 20 ans après le premier sommet de Rio, 40 ans après la conférence de Stockholm, véritable début de cette réflexion planétaire qui voudrait parvenir à une gouvernance mondiale de l’économie verte. Cette perspective est riche d’espoir, mais est-ce pour autant que les nations sont en cohérence avec ces objectifs ?
Ainsi au Brésil même, le démantèlement des lois de protection des forêts est en cours, permettant une déforestation massive aux dépens de l’énorme poumon vert que représente la forêt amazonienne (voir aussi http://www.michel-lerond.com/article-notre-poumon-est-malade-84135155.html). Le nouveau code forestier va ainsi répondre aux exigences des lobbies agricoles qui souhaitent la disparition de la « réserve légale » (mécanisme de sauvegarde de la flore), afin de pouvoir mettre en culture la totalité de leurs terres. Le conflit entre écologistes et lobby agricole tourne au tragique avec assassinats de militants… Les accords commerciaux entre les producteurs locaux de soja et les Chinois ne sont pas faits pour arranger les choses.
En Amérique centrale aussi, au Guatemala, la course à la terre génère une pression qui accélère la déforestation. La forêt primaire a régressé de 30 % en dix ans, pour laisser place à la culture massive du palmier à huile et à l’élevage extensif de bovins. La forêt primaire est aujourd’hui, surtout perçue comme un moyen d’atténuer les effets du changement climatique, en constituant des puits de carbone. La concentration des exploitations agricoles va bon train et les petits paysans n’ont plus de terre, plus d’endroit à cultiver, plus de bois de chauffe… et éventuellement des difficultés d’accès à l’eau qui se trouve sur des terres ne leur appartenant plus. De grands groupes agro-industriels acquièrent les terres pour mettre en place des mono-cultures intensives sur des milliers ou… des centaines de milliers d’hectares ! Les populations rurales dépossédées constituent alors une main d’œuvre bon marché.
En Afrique les Chinois et les Indiens, à la recherche de ressources pour nourrir leurs populations, sont en première ligne pour louer ou acheter des terres, mais les occidentaux ne sont pas en reste et on a même relevé parmi les investisseurs… des universités américaines, dans le plus grand secret.
Les forêts de la planète absorbent environ 1/3 du CO2 émis dans le monde par les combustibles fossiles, c’est dire quelles seront les conséquences de la déforestation, surtout des forêts tropicales qui constituent la moitié des puits de carbone de la planète.
Dans ce contexte, le prochain « Rio+20 » ne sera-t-il qu’une grand messe de plus ? Tout reste possible, et la création enfin envisagée, d’une Organisation mondiale de l’environnement constitue un espoir sérieux.