Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le blog de Michel Lerond
  • : Libre opinion sur les questions d'actualité en environnement et développement soutenable
  • Contact

Profil

  • Michel Lerond
  • Ecologue et essayiste. Dans notre pratique professionnelle, nous avons pu contribuer, notamment, à un meilleur accès à l’information sur l'environnement.

Recherche

Pages

Catégories

31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 08:42

 

          En juin 2012, Rio de Janeiro accueillera le Sommet de la Terre, 20 ans après le premier sommet de Rio, 40 ans après la conférence de Stockholm, véritable début de cette réflexion planétaire qui voudrait parvenir à une gouvernance mondiale de l’économie verte. Cette perspective est riche d’espoir, mais est-ce pour autant que les nations sont en cohérence avec ces objectifs ?

Ainsi au Brésil même, le démantèlement des lois de protection des forêts est en cours, permettant une déforestation massive aux dépens de l’énorme poumon vert que représente la forêt amazonienne (voir aussi http://www.michel-lerond.com/article-notre-poumon-est-malade-84135155.html). Le nouveau code forestier va ainsi répondre aux exigences des lobbies agricoles qui souhaitent la disparition de la « réserve légale » (mécanisme de sauvegarde de la flore), afin de pouvoir mettre en culture la totalité de leurs terres. Le conflit entre écologistes et lobby agricole tourne au tragique avec assassinats de militants… Les accords commerciaux entre les producteurs locaux de soja et les Chinois ne sont pas faits pour arranger les choses.

En Amérique centrale aussi, au Guatemala, la course à la terre génère une pression qui accélère la déforestation. La forêt primaire a régressé de 30 % en dix ans, pour laisser place à la culture massive du palmier à huile et à l’élevage extensif de bovins. La forêt primaire est aujourd’hui, surtout perçue comme un moyen d’atténuer les effets du changement climatique, en constituant des puits de carbone. La concentration des exploitations agricoles va bon train et les petits paysans n’ont plus de terre, plus d’endroit à cultiver, plus de bois de chauffe… et éventuellement des difficultés d’accès à l’eau qui se trouve sur des terres ne leur appartenant plus. De grands groupes agro-industriels acquièrent les terres pour mettre en place des mono-cultures intensives sur des milliers ou… des centaines de milliers d’hectares ! Les populations rurales dépossédées constituent alors une main d’œuvre bon marché.

En Afrique les Chinois et les Indiens, à la recherche de ressources pour nourrir leurs populations, sont en première ligne pour louer ou acheter des terres, mais les occidentaux ne sont pas en reste et on a même relevé parmi les investisseurs… des universités américaines, dans le plus grand secret.

Les forêts de la planète absorbent environ 1/3 du CO2 émis dans le monde par les combustibles fossiles, c’est dire quelles seront les conséquences de la déforestation, surtout des forêts tropicales qui constituent la moitié des puits de carbone de la planète.

Dans ce contexte, le prochain « Rio+20 » ne sera-t-il qu’une grand messe de plus ? Tout reste possible, et la création enfin envisagée, d’une Organisation mondiale de l’environnement constitue un espoir sérieux.

Partager cet article
Repost0

commentaires

R
Je partage ton indignation et ton pessimisme, mais j'ai un esprit retors: attention aux arguments développés ; la forêt primaire non touchée par l'homme n'est pas un puits de CO2. Tous les jours<br /> elle pompe du CO2, mais tous les jours des feuilles et des arbres pourrissent, et le bilan globale est à peu près égal à zéro. C'est simplement un stock (sa destruction est bien moins importante<br /> que ce que l'on va chercher dans les combustibles fossiles). A ma connaissance le seul puits naturel de CO2 qui marche bien, ce sont les mers et les océans. Le CO2 est fixé par des microalgues qui<br /> fabriquent du calcaire, ou qui sont mangées par des organismes qui en fabriquent, et là le CO2 est vraiment fixé : les falaises normandes sont le résultat d'un énorme puits de CO2 qui a fonctionné<br /> durant le Crétacé.
Répondre
M
<br /> <br /> Merci Robert de ces compléments et précisions. Effectivement il y a eu une controverse sur<br /> les forêts tropicales en tant que puits de carbone. La thèse de l’équilibre prévalait, mais semble remise en cause depuis quelques années seulement. Les forêts tropicales sont donc considérées<br /> comme des puits de carbone à part entière. Ce qui est vrai, c’est que le type de forêt et son mode de traitement influent sur le cycle du carbone, le pire étant certainement la coupe rase (comme<br /> en Amazonie) sans compter les dégâts sur les sols et la biodiversité.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> De même, sans remettre en cause ce que tu avances concernant les océans, des études récentes montrent que les choses sont encore plus complexes<br /> que ce qu’on savait jusque là. Les interactions avec les estuaires, la faune marine et la pêche peuvent modifier le bilan carbone.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Mais on est bien là dans une évolution normale de la science, en particulier ici dans un domaine où les connaissances progressent très vite avec<br /> des remises en cause incessantes. D’où la difficulté de vulgariser sur ce sujet, comme j’essaie de la faire. C’est pourquoi, par précaution, je travaille toujours à  partir de plusieurs sources pour écrire une chronique (lettres professionnelles spécialisées, presse nationale, et quand c’est possible le document source). La<br /> chose n’est toutefois pas sans risque sur des questions aussi complexes. En effet, il arrive souvent que la sortie d’un rapport scientifique soit assortie d’un dossier de presse repris par de<br /> multiples médias avec parfois des approximations, des simplifications, des interprétations… Soyons donc très prudents. Il me semble néanmoins utile de faire avancer les réflexions sur ces<br /> sujets.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  Michel<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
D
S'indigner est bonne chose, car, comme le disait également l'abbé : "tant que j'aurai la force de mindigner, je me sentirai utile à quelque chose".<br /> Et culpabiliser est également une salutaire prise de conscience, mais là aussi, relativisons et agissons.<br /> Pas besoin de partir sac au dos en mission humanitaire, un exemple => au rayon du supermarché, ne tendons pas la main vers ces produits "tendances" qui vous boufferaient (soi-disant) le<br /> cholestérol comme du bon pain, les "margarines" Saint Hubert, Oméga 3 et Cie ;<br /> et qui dissimulent sournoisement leur vraie nature (qu'elles détruisent allègrement)en affichant dans leur composition : huile végétale, alors que c'est de l'huile de palme dont Michel a justement<br /> rappelé les ravages.
Répondre
M
<br /> <br /> Tu as bien raison Daniel de rappeler que le consommateur est, au bout du compte, le vrai décideur. Encore faut-il lui donner les moyens de s'informer correctement.<br /> <br /> <br /> Michel<br /> <br /> <br /> <br />
D
Franchement, tu y crois, toi, à l'humanisme des dirigeants fortunés de ce Monde? Ma colère gronde de plus en plus, à l'unisson de celle de ces pauvres gens dépossédés de tout - terres, eau,droit de<br /> vie - qui, comme le disait si bien l'Abbé Pierre, ne sont violents que pour survivre alors que leurs bourreaux, pleins de "Bonnes Actions" confortables, ont une violence des millions de fois plus<br /> meurtrière sans même lever une arme ! Et dire que je ne suis pas fière d'appartenir à cette deuxième catégorie par mon "laisser faire" est bien peu dire !
Répondre
M
<br /> <br /> Comme Toi Dan je déplore cette situation, mais ne te fais pas si mal ! Il faut continuer à espérer. Le choc brutal sur le mur devant nous va nous faire réagir, si ce n'est par clairvoyance, au<br /> moins par nécessité de survie.<br /> <br /> <br /> Michel<br /> <br /> <br /> <br />