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  • Michel Lerond
  • Ecologue et essayiste. Dans notre pratique professionnelle, nous avons pu contribuer, notamment, à un meilleur accès à l’information sur l'environnement.

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14 juin 2011 2 14 /06 /juin /2011 08:53

 

Quel retour d’expérience après Tchernobyl ?

 

Le drame de Fukushima a fait prendre conscience des interactions très fortes entre ce qui est imputable à la nature et ce qui l’est à la technologie humaine. Aux Etats-Unis déjà, la fonte partielle du réacteur de Three Miles Island en 1979 avait tempéré les ardeurs des partisans du nucléaire. Puis vint l’accident de Tchernobyl (26 avril 1986) qui renforça fortement le scepticisme. Après Fukushima, le doute s’est encore renforcé, même en Chine, LE futur marché du nucléaire, où l’on envisage de sauter un pas technologique pour utiliser des techniques plus fiables.

Depuis 25 ans, à Tchernobyl et alentour, la vie a changé, toujours plus empoisonnée par cette radioactivité invisible mais omni-présente jusque dans les fantasmes. Ainsi circule la rumeur qu’après le drame, des avions soviétiques auraient provoqué des pluies artificielles pour « abattre » le nuage radioactif et ainsi protéger Moscou… Mais fantasme ou pas, trop de négligences ont été commises : évacuations tardives de populations, ou pas d’évacuation du tout, consommation de produits « naturels » très contaminés, comme les champignons, les myrtilles, ou les poissons, sans contrôle. Le nombre de cancers de la thyroïde augmente, comme diverses affections infantiles et le drame n’est pas achevé. Le réacteur de Tchernobyl doit être sécurisé au plus tôt, mais l’Ukraine n’en a pas les moyens financiers (coût total estimé à 1,5 milliard d’euros). La communauté internationale traîne les pieds pour abonder les financements et il manque encore près de 200 millions € pour construire l’arche destinée à recouvrir le sarcophage, réalisé  à la hâte après l’accident, qui fuit et menace de s’effondrer. La France a promis 47 millions €, étant très concernée du fait que des entreprises nationales ont été retenues à l’appel d’offres. Cette arche, haute de 110 m, va mesurer 257x164 m et peser 30 000 tonnes. Elle devra tenir au minimum 100 ans avec une maintenance réduite. C’est un défi technique considérable qui doit permettre à l’Ukraine de « bénéficier » d’un siècle pour imaginer l’ingénierie à même de résoudre définitivement le problème de déconstruction de la centrale.

Juste à côté, en Roumanie, la centrale de Cernavoda a été construite pendant l’ère Ceausescu avec la promesse qu’elle serait « la plus sûre du monde » (premier réacteur en service en 1996). Mais les problèmes de sécurité se multiplient et cette centrale est construite dans une zone sismique ! Au point que les trois entreprises franco-germano-espagnole associées au projet se sont retirées début 2011 devant l’ampleur des problèmes. A-t-on vraiment tiré toutes les leçons de l’accident de Tchernobyl ?                                     A suivre

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commentaires

C
<br /> entièrement d'accord en ce qui concerne la centrale roumaine<br /> il doit y en avoir d'autres dans les pays de l'ex-bloc de l'est; mais à quoi sert l'Europe si elle n'est pas capable d'investir dans une sécurité qui intéresse tous ses habitants<br /> et cependant je ne suis pas antinucléaire de principe<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Merci Chante Merle. Vous posez une des grandes questions du nucléaire. Les risques sont importants. OK. Si on peut les maîtriser, on agit en connaissance de cause. OK. Mais qui contrôle ? Voilà<br /> une des questions fondamentales pour assuer une sécurité qui se soucie peu des frontières des états.<br /> Michel<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> Pourquoi parler de Tchernobyl sans évoquer Hiroshima et Nagasaki? certains sites sahariens et atols du Pacifique? certains déserts américains? d'autres en Russie? Nous avons plusieurs "laboratoires<br /> vivants" d'étude d'impact de la fission nucléaire sur l'homme.<br /> Les 2 villes nippones ont été reconstruites: n'est-ce pas la preuve de l'immense capacité de l'homme à s'adapter aux catastrophes, meme à celles qu'il a provoquées.<br /> Que ceux qui ont vu après guerre les villes allemandes (mais aussi Le Havre)se souviennent: l'homme s'en est sorti!<br /> Parler d'un milliard et demi d'euros alors que les français ont payé par leurs impots 12 fois plus pour renflouer le Crédit Lyonnais et qu'on a balancé plusieurs milliards d'euros pour "sauver"<br /> l'économie des pays riches, ça fait "petit".<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Merci Gérard pour ce riche commentaire. Bien sûr, nous disposons de plusieurs "laboratoires vivants" qui montrent, effectivement, que l'homme survit toujours, jusque là. Mais s'il existe une<br /> relation entre Tchernobyl, Fukushima, et Hiroshima, Nagasaki, c'est surtout pour les Japonais. Il s'agit d'une relation "psychosociologique" entre des faits, en réalité bien différents. Sans<br /> entrer dans une comptabilité morbide, rappelons quand même que la ville d'Hiroshima comptait 340 000 habitants et que le nombre de morts a été, selon les sources, de 300 000 à 420 000, par<br /> l'explosion nucléaire, les suites immédiates et les suites plus lointaines... Nous n'en sommes pas là avec les centrales, mais nous accumulons des risques sur le court terme et le long, voire<br /> très long terme, sans les maîtriser vraiment. Cela pose bien des questions, notamment pour nos successeurs à qui nous allons laissé un héritage.. douteux dans l'état actuel des choses.<br /> <br /> <br /> Quant aux coûts engagés, vous avez raison de relativiser. mais attention tout de même à comparer des choses qui relèvent de problématiques qui n'ont rien à voier entre elles.<br /> <br /> <br /> Michel<br /> <br /> <br /> <br />