Faut-il sortir du nucléaire ?
Suite au drame japonais, il est apparu nécessaire de renforcer la sécurité des installations nucléaires. Au-delà, s’est posée la question de l’abandon éventuel de cette énergie, comme en Allemagne (programmée dès 2000 à la suite de Tchernobyl), en Suisse (juste après Fukushima) ou en Italie tout récemment. Les Français sont partisans à 75 % d’une sortie du nucléaire et partout les interrogations se multiplient. L’arrêt du nucléaire pose cependant de nombreuses questions sur le démantèlement des centrales et les énergies de remplacement, mais aussi sur la méthode des choix à opérer. Il faut bien prendre en compte les coûts énergétiques dans un contexte d’épuisement des ressources (y compris pour l’uranium), les modifications climatiques qui proscrivent certains process (gaz et charbon dans l’état actuel) et les besoins réels en énergie par rapport à la gabegie actuelle. Il faut aussi considérer que la science va nécessairement progresser et ne pas désespérer ni de la technologie, ni de l’homme.
La demande mondiale d’énergie devrait doubler d’ici 2050, sur les bases actuelles de consommation. Autant dire qu’il faudra impérativement revoir la notion de croissance, qu’il faudra se soigner de l’addiction aux biens matériels, mais aussi être attentifs aux conflits que peut générer l’accès aux sources d’énergie. Pour sortir de ce débat, il n’y aura pas d’autre choix qu’économiser, utiliser à fond les énergies renouvelables et améliorer la fiabilité des dispositifs existants, dont le nucléaire.
Le démantèlement des centrales aussi pose des questions, ainsi la centrale nucléaire de Brennilis (Finistère) est à l’arrêt depuis 1985 et le démantèlement, assuré à 50 %, est stoppé depuis quatre ans en raison de l’incertitude sur les risques pour la population voisine. Le coût officiel de ce démantèlement est de 482 millions € et la fin de chantier est prévue pour 2025.
Il y a donc des arbitrages à opérer entre coût, environnement et risques sanitaires à court et à très long terme (y compris pour les déchets). C’est à l’Etat d’organiser cet arbitrage, dans la transparence, et non pas sous la pression de lobbies comme ce fut le cas jusque maintenant (Voir : http://www.michel-lerond.com/article-28029773.html). Le référendum semble le plus démocratique, mais on ne peut pas répondre à une question aussi complexe par oui ou non. Il y a surtout nécessité d’un débat public, non pas sur le nucléaire, mais sur les énergies, dont le nucléaire, pour préciser à quoi sont prêts les citoyens en termes de consommation et d’acceptation des risques. Essayons de regarder les choses sans dogmatisme. Entre le "tout nucléaire" et le "zéro nucléaire", il y a place pour des alternatives qui doivent préparer la suite. A suivre