Que faire maintenant ?
Concernant la France, les choix énergétiques faits à la fin des années 1960 nous ont engagé pour près d’un siècle, nous devons en tirer la leçon pour les prochains choix. La filière nucléaire a pris l’importance que l’on sait et il nous paraît utopique de vouloir en sortir rapidement. Par contre il nous faut préparer une transition pour produire de l’énergie électrique nucléaire sécurisée dans l’attente de nouvelles sources fiables. On peut imaginer plusieurs étapes :
- D’abord un moratoire qui consiste à arrêter au plus vite les centrales nucléaires trop vieilles ou mal sécurisées du fait de leur localisation et suspendre la construction de nouvelles centrales tant que ne sont pas réglées les questions liées à la sûreté des sites et au devenir des déchets.
- Renforcer la sécurité des installations nucléaires dans le cadre d’une gouvernance mondiale, dans la transparence et en dehors de tout conflit d’intérêts. Pour cela il convient de réformer l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique), organisation autonome de l’ONU, fondée en 1957 pour promouvoir les usages pacifiques de l’énergie nucléaire, afin qu’elle procède vraiment, en toute indépendance, aux inspections des installations et à l’information du public, en lieu et place des états, comme préconisé lors de la conférence de Vienne la semaine dernière.
- Préparer l’après nucléaire puisque l’épuisement de l’uranium est prévu. Les ressources mondiales peuvent assurer un siècle de production si la consommation reste au niveau actuel, beaucoup moins si elle double. Certes, les énergies renouvelables ne sont pas toutes fiables, mais a-t-on fait les efforts de recherche nécessaires ? A-t-on procédé aux évaluations complètes des dispositifs existants pour en améliorer l’efficacité ? Il est urgent de renforcer les programmes de recherche sur ces thèmes.
- S’interroger sur les monopoles énergétiques nationaux. Faut-il livrer ce
secteur au marché, ou renforcer le service public ? Sans doute faut-il décentraliser et permettre davantage d’autonomie, par exemples les agriculteurs pourraient produire leur propre énergie avec les agro-carburants. Plus encore, en Afrique où 70 % des habitants n’ont pas accès à l’électricité, ce sont les unités décentralisées de production qui pourront répondre aux besoins.
Enfin, le GIEC a apporté une note d’espoir en publiant un rapport le 9 mai 2011, annonçant que la part d’énergies renouvelables pourrait approcher 80 % en 2050… pourvu que les politiques les suivent.
Dans quelques années, si l’on attend trop, le volume rédigé par M. Lerond constituera un document à charge accablant pour les « non-décideurs » de ce début de XXIè siècle ! : Bernard Boullard – Etudes Normandes N°1-2011 -
« Qu’est-ce qu’on attend ? Chroniques (2008-2009) ». A commander sur www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=31058
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