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  • : Le blog de Michel Lerond
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  • Michel Lerond
  • Ecologue et essayiste. Dans notre pratique professionnelle, nous avons pu contribuer, notamment, à un meilleur accès à l’information sur l'environnement.

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28 juin 2011 2 28 /06 /juin /2011 07:46

 

Que faire maintenant ?

 

Concernant la France, les choix énergétiques faits à la fin des années 1960 nous ont engagé pour près d’un siècle, nous devons en tirer la leçon pour les prochains choix. La filière nucléaire a pris l’importance que l’on sait et il nous paraît utopique de vouloir en sortir rapidement. Par contre il nous faut préparer une transition pour produire de l’énergie électrique nucléaire sécurisée dans l’attente de nouvelles sources fiables. On peut imaginer plusieurs étapes :

         - D’abord un moratoire qui consiste à arrêter au plus vite les centrales nucléaires trop vieilles ou mal sécurisées du fait de leur localisation et suspendre la construction de nouvelles centrales tant que ne sont pas réglées les questions liées à la sûreté des sites et au devenir des déchets.

         - Renforcer la sécurité des installations nucléaires dans le cadre d’une gouvernance mondiale, dans la transparence et en dehors de tout conflit d’intérêts. Pour cela il convient de réformer l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique), organisation autonome de l’ONU, fondée en 1957 pour promouvoir les usages pacifiques de l’énergie nucléaire, afin qu’elle procède vraiment, en toute indépendance, aux inspections des installations et à l’information du public, en lieu et place des états, comme préconisé lors de la conférence de Vienne la semaine dernière.

- Préparer l’après nucléaire puisque l’épuisement de l’uranium est prévu. Les ressources mondiales peuvent assurer un siècle de production si la consommation reste au niveau actuel, beaucoup moins si elle double. Certes, les énergies renouvelables ne sont pas toutes fiables, mais a-t-on fait les efforts de recherche nécessaires ? A-t-on procédé aux évaluations complètes des dispositifs existants pour en améliorer l’efficacité ? Il est urgent de renforcer les programmes de recherche sur ces thèmes.

- S’interroger sur les monopoles énergétiques nationaux. Faut-il livrer ce

secteur au marché, ou renforcer le service public ? Sans doute faut-il décentraliser et permettre davantage d’autonomie, par exemples les agriculteurs pourraient produire leur propre énergie avec les agro-carburants. Plus encore, en Afrique où 70 % des habitants n’ont pas accès à l’électricité, ce sont les unités décentralisées de production qui pourront répondre aux besoins.

         Enfin, le GIEC a apporté une note d’espoir en publiant un rapport le 9 mai 2011, annonçant que la part d’énergies renouvelables pourrait approcher 80 % en 2050… pourvu que les politiques les suivent.

 

Dans quelques années, si l’on attend trop, le volume rédigé par M. Lerond constituera un document à charge accablant pour les « non-décideurs » de ce début de XXIè siècle ! : Bernard Boullard – Etudes Normandes N°1-2011 -

« Qu’est-ce qu’on attend ? Chroniques (2008-2009) ». A commander sur www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=31058

150 pages – 13,78 €, ou dans toutes les bonnes librairies.

 

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commentaires

J
<br /> Michel,<br /> Je lis régulièrement et avec intérêt vos articles. Cependant, je ne peux m'empêcher de vous faire remarquer que le nucléaire a bon dos. Bien entendu, il existe un lobby puissant du secteur. Tout<br /> comme il en existe dans tous les secteurs économiques qui marchent aux milliards. Au moins, l'électricité profite à tous.<br /> Je prône l'optimisme !<br /> Force est de constater qu'aujourd'hui encore, le charbon tue. Il tue par millier, tous les ans. Il a tué des milliers d'hommes, en France même, depuis la fameuse révolution industrielle à l'origine<br /> de tous nos maux écologiques.<br /> Les barrages gigantesques construits ou en cours de construction représentent des catastrophes écologiques, sectorisées certes, mais qui mises bout à bout, engendrent forcément des dérèglements<br /> importants.<br /> <br /> L'avion contre l'automobile. Voici ce qu'il faudrait retenir de l'énergie nucléaire. Les crashes sont rares mais dramatiques de par leur ampleur et les victimes directes et indirectes. En revanche,<br /> le charbon tue peu à la fois, mais régulièrement et, au final, plus encore que le nucléaire.<br /> Restent l'énergie éolienne, l'énergie solaire. Personne n'est contre (et pour quelles raisons le serions-nous ?). Les progrès ne sont toutefois pas suffisants, les rendements sont médiocres, les<br /> investissements (en France notamment) sont insuffisants, la pollution générée par la production à grande échelle des matériaux nécessaires à de tels dispositifs est trop importante pour espérer, de<br /> nos jours, équiper à moyen terme tous les foyers et industries. Seriez-vous prêt à accueillir dans votre commune une usine de panneaux photovoltaïque ?<br /> Je suis partisan, comme un de vos lecteurs, de faire confiance aux têtes pensantes du nucléaire pour ne pas se tromper dans leurs calculs. Parce que nous n'avons pas d'alternative cohérente, dans<br /> les années à venir, pour remplacer le nucléaire et ses formidables capacités, reconnaissons-le !<br /> Bienvenu le jour où le pétrole ne sera plus nécessaire à la production de masse ; bienvenu le jour où les consommateurs deviendront vivants. Pour le moment, c'est la course à l'armement, le "c'est<br /> moi qui ai le plus grand écran de télévision".<br /> Continuez à nous faire aimer notre nature, c'est comme cela que les choses changeront !<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Merci Jacques de ce long commentaire très argumenté. En fait, je ne pense pas que l'on soit vraiment en désaccord. Je partage quasiment tous vos arguments, si ce n'est que je mets en doute le<br /> nucléaire, du fait des risques énormes qu'il comporte. Je propose donc un moratoire pour se donner le temps d'assurer une sécurisation plus forte et avant de passer à autre chose. Je suis bien<br /> conscient que l'on ne peut pas arrêter le nucléaire sur un temps court. On peut accepter certains risques bien sûr, mais le risque nucléaire est d'une toute autre échelle que les autres sources<br /> énergétiques, même si, fort heureusement nous n'avons pas eu à l'appréhender jusqu'à maintenant, dans ses vraies dimensions... A ce propos, gardons-nous de toute comptabilité morbide. Les<br /> accidents de la route font sûrement plus de morts que le nucléaire, mais ce sont des choses que l'on ne peut pas comparer.<br /> <br /> <br /> La vraie question, me semble-t-il est de savoir comment nous organisons et régulons notre production énergétique, au bénéfice de tous et avec des risques limités. Les hasards de l'actualité<br /> faisant bien les choses, le grand titre de première page du journal Le Monde de ce matin même samedi 16 juillet : "Le gouvernement accentue le retard de la France dans l'énergie solaire". Voilà<br /> un élément de réponse, parmi d'autres...<br /> <br /> <br /> Michel<br /> <br /> <br /> <br />
G
<br /> "un moratoire" : non, un principe fondamental de sécurité veut que tout risque probable soit éliminé. Ce n'est pas en annonçant un moratoire qu'on agit. Il faut soit suprimer le risque car devenu<br /> innaceptable, soit vivre avec.<br /> "reenforcer la sécurité des installations" oui, mais celà ne touche pas les installations françaises qui ont été construites suivant les pires scénarii catastrophes que nous français sommes les<br /> seuls à avoir imaginés. Comptez sur la valeur de nos ingénieurs spécialistes en études de danger, dits ingénieurs maximalistes. J'ajouterai à ce §, controler le niveau de formation et d'aptitude<br /> psychique du personnel exploitant (Tchernobyl a déraillé au cours d'un essai catastrophe dont tout le monde se moquait)<br /> "préparer l'après nucléaire": il faudrait d'abord préparer "l'après pétrole", ce qui vient lentement pour toute consommation d'énergie "unitaire dans le temps et l'espace" (stockage, transport); le<br /> nucléaire est actuellement limité mais illimité dans le temps: nous passerons de la fission à la fusion moins polluante dans 100 ans ou moins.<br /> "s'interroger sur les monopoles" : c'est le seul point surlequel je n'ai pas d'avis tranché, et ferai une réponse de normand: il faut des 2 pourvu que le politique en conserve la maitrise.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Merci Gérard, en souhaitant que vous ayez raison de faire une confiance aveugle à nos "ingénieurs maximalistes". Je crains que la rigueur du départ ne se soit un peu assouplie... Pour le reste je<br /> vous renvoie au commentaire de Robert Meyer et ma réponse.<br /> <br /> <br /> Michel<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Je me permets de poser deux petites questions à M. Meyer : Comment savoir si les français ont des idées d'énergies renouvelables "rentables" et capables de réaliser une production industrielle - ou<br /> pas, d'ailleurs - qui ne passe pas par l'utilisation - donc la production - systématique d'électricité, tant que le monde lobbyiste gère et l'information et les lois de ce pays? Qui donc a intérêt<br /> à continuer à faire rimer calculette et consommation d'énergie hyper productive (de profits)?<br /> <br /> <br />
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R
<br /> Moratoire : quel que soit le sens donné dans le dictionnaire, ça veut dire STOP ! et dans un domaine historique comme celui-là, ça veut dire "tout de suite"... et définitivement.<br /> Je n'ai qu'une question : avec quelle électricité on fera tourner les industries normandes ? le privilège de la France était de vendre à ses industriels de l'électricité pas chère ... si on passe<br /> au coût international, ça ne favorisera pas la ré-industrialisation ...<br /> <br /> Pour les énergies renouvelables, les Français ont plein d'idées ; il me semble qu'ils n'utilisent pas assez leur calculette pour additionner et soustraire les Kw/h. Le test est difficile à réussir<br /> !<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Merci Robert de ces questions pertinentes. Moratoire signifie "suspension pendant un temps déterminé". Pour ma part, je ne précise pas cette durée, étant incapble de me prononcer. Mais je précise<br /> les conditions de ce moratoire, étant entendu qu'il n'y a pas eu de débat public sur le niveau d'acceptation des risques par la population. Les risques existent, le plus souvent mineurs en France<br /> c'est vrai, mais réels et surtout opaques. On le voit bien en ce moment avec la polémique à propos de "fuites radio actives" (??) à Paluel.<br /> <br /> <br /> Quant à savoir avec quoi vont tourner les industries, c'est une vraie question... que l'on aurait du étudier dès 1973, après le premier choc pétrolier. Il n'est jamais trop tard et il est<br /> maintenant urgent de mener des recherches (et pas seulement du marketing) sur les énergies renouvelables. En effet la panoplie est vaste, mais la fiabilité parfois douteuse, faute de recherche<br /> suffisante, d'évaluation indépendante et de souci du bien public fort.<br /> <br /> <br /> C'est un débat difficile, j'en suis bien conscient, mais il est urgent de s'y coller. Les économies pourront résoudre une partie du problème, mais ne rêvons pas, le public n'est pas prêt du tout<br /> à les accepter, quand bien même ce serait par la force...<br /> <br /> <br /> Michel<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Une modération du propos respectueuse de ton intention de toucher un public de lecteurs le plus large possible, ce qui ne m'étonne pas de ton sens aigu de la démocratie...<br /> Et aussi:<br /> Ta synthèse de ce qui doit être mis en œuvre est si simple à lire et à comprendre, qu'on se demande bien pourquoi et surtout qu'est-ce qui bloque...!<br /> Personnellement, je crains que ce soit au-delà des politiques et de leurs pouvoirs... Le gouvernement du monde n'est-il pas passé sous la domination de Monsieur Money, incontrôlable ?<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Merci Dan de cette approbation. Sans doute ma synthèse est-elle simple en effet. Mais simple à dire, quant à faire... Je crains que tu n'aies encore raison, le pouvoir de décision appartient sans<br /> doute davantage à certains lobbies qu'aux politiques.<br /> <br /> <br /> Michel<br /> <br /> <br /> <br />