En 2006, le Museum de Rouen prépare sa réouverture au public, après 10 ans de fermeture pour raisons de sécurité. Une nouvelle équipe est recrutée qui, sur demande de la municipalité, met en œuvre le nouveau projet culturel et scientifique. Très vite, naît l’idée de restituer à la Nouvelle-Zélande, qui le réclame depuis de nombreuses années, la tête humaine tatouée et momifiée, dite tête maorie, conservée au musée depuis 1875.
C’était le début d’une aventure laborieuse qui, pendant une décennie, a mobilisé le monde politique pour vaincre les obstacles juridiques à la restitution des restes humains. Depuis les années 1980 en effet, les Maoris réclament la restitution de ces têtes, qui furent prisées par les collectionneurs étrangers dès le XVIIIe siècle, suscitant un important trafic. Après bien des débats, une loi a été votée le 4 mai 2010, déclassant ces restes humains des collections inaliénables des musées, afin de pouvoir les rendre au Musée national Te Papa en Nouvelle-Zélande. La tête de Rouen a été restituée le 9 mai 2011 à la Nouvelle Zélande.
Le film La fabuleuse histoire de la tête maorie du Museum de Rouen, écrit et réalisé par Philippe Tourancheau, a été projeté en avant-première le 4 octobre au cinéma Omnia République de Rouen. Il relate toute cette aventure et la replace dans son contexte muséographique et éthique (voir aussi : http://www.dailymotion.com/video/xiqz6t_sebastien-minchin-relate-la-decouverte-de-la-tete-maori-du-musee-de-rouen_creation et http://vimeo.com/22288017 .
Il faut saluer ici le travail réalisé par Sébastien Minchin, conservateur du Museum de Rouen, qui par sa ténacité a permis un aboutissement heureux de toute cette affaire, en plaçant le Museum de Rouen à l’avant-scène sur une problématique nationale d’actualité.
C’est ainsi, à la suite de « l’affaire de Rouen », que l’ensemble des têtes maories des collections de France se trouvent déclassées pour pouvoir retourner vers leur terre d'origine. Une vingtaine de têtes maories seront restituées en janvier 2012, à la clôture de l’exposition sur la culture Maorie au Musée du Quai-Branly à Paris. Tous les Maoris de haut rang, guerriers et chefs de tribus, étaient tatoués selon des motifs rappelant leur tribu. En effet, selon leurs traditions, la tête est considérée comme la partie sacrée du corps et le tatouage comme une véritable signature sociale et religieuse. Le peuple Maori avait ainsi coutume de conserver les têtes tatouées des guerriers morts au combat, et de les exposer dans un endroit consacré à leur mémoire, où chacun pouvait les vénérer jusqu’au moment où ils estimaient que l’âme du défunt était partie. Les têtes étaient alors inhumées près du village.