Même s’il nous faut parfois le redécouvrir, l’animal humain fait partie de la nature et en dépend pour sa survie. Mais alors comment situer l’homme parmi les autres espèces et en particulier celles qui nous semblent les plus proches.
Des découvertes récentes l’ont montré, prenant en compte les caractéristiques génétiques, l’homme ne « descend » pas du singe, mais fait partie du groupe des singes, des primates plus précisément et des hominoïdes. Cette grande famille comprend aussi les gibbons, orangs-outans, gorilles, chimpanzés et bonobos. Ainsi la séquence du génome du chimpanzé, connue depuis 2005, montre qu’elle est identique à 98,5 % de celle de l’homme. Il semble donc que nous ayons un ancêtre commun avec le chimpanzé. Qu’en est-il avec les gorilles et bonobos ? La génétique va apporter des réponses à ces questions, sans pour autant nous dire ce qui fait le propre de l’homme, laissant le mystère entier.
On estime qu’il subsiste actuellement sur la planète de 300 à 400 000 grands singes. Les orangs-outangs, en Asie, étaient environ 300 000 au début du XXème siècle, moins de 60 000 maintenant. En Afrique, on compte encore environ 200 000 chimpanzés et 20 000 bonobos.
Compte-tenu de ce cousinage avec les grands singes, au-delà des questions génétiques, se posent aussi des questions éthiques, quand on sait combien ces espèces sont menacées. Si en effet, nous laissons disparaître, en toute conscience, des animaux aussi proches de nous, que pourrons-nous opposer à la disparition d’autres espèces. La question est d’autant plus complexe que l’on sait maintenant que les singes sont capables de s’organiser en systèmes élaborés tels que la démocratie. Des études récentes ont montré que le processus de vote existe des insectes aux primates (par exemple à propos de la destination d’un groupe en déplacement), remettant en question la frontière entre l’homme et les autres espèces animales. De même il a été observé que l’empathie, tout comme l’esprit de compétition et l’agressivité, existent chez de nombreux animaux comme chez l’homme. C’est ainsi que nous préférons inventer des hiérarchies entre les pays, les couleurs de peaux ou les sexes, plutôt qu’admettre que nous sommes une espèce de « drôles de singes » qui maîtrise ses instincts et prévoit l’avenir, parce que nous avons conscience du temps et donc de notre mortalité.
C’est pour inviter à cette réflexion sur la place de l’homme dans l’univers que le zoo de Varsovie a proposé à ses visiteurs, fin 2009, une « cage à homme des cavernes » dans laquelle un jeune couple volontaire, vêtu de peaux d’animaux, a passé son temps à s’épouiller et observer les visiteurs humains. Il était précisé aux visiteurs que l’on pouvait tenter de communiquer avec eux et leur proposer de la nourriture ! Tous des singes, je vous dis…
Réception à l’Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Rouen : samedi 19 juin 2010, à 17 heures, en l’Hôtel des Sociétés Savantes, 190 rue Beauvoisine à Rouen.
Pour ma réception, je prononcerai un discours sur le thème « L’Homme et la Nature : une symbiose à inventer ». Le discours en réponse sera prononcé par M. Le professeur Bernard Boullard, sur le thème « Et si l’homme vivait déjà en symbiose intime… sans s’en douter ! »
PS : stationnement très difficile rue Beauvoisine. Parkings les plus proches, place du Boulingrin et Gare SNCF. Métro, station Beauvoisine, entre Boulingrin et Gare.