Les Français sont contestataires, révolutionnaires même parfois, mais ils sont aussi conservateurs et un rien monarchistes. En fait nous sommes surtout schizophrènes… Ainsi on peut être contre le nucléaire et pour les énergies renouvelables, mais on ne veut pas d’éoliennes qui « défigurent » le paysage. On est contre les camions en trop grand nombre sur les routes et pour le transfert sur le rail, mais on ne veut pas de nouvelles voies ferrées qui vont « couper » les villages. On est contre les déficits et pour réduire la dette, mais on ne veut diminuer aucune dépense ce qui pourrait « contrarier la croissance ». Etc.
Le pouvoir politique, nouvellement élu, a épousé cette même attitude, en commettant une erreur de communication aussi grossière qu’inefficace. Le discours, un rien schizophrène lui aussi, est : la crise est très grave, mais il n’y aura pas d’austérité… Il eut fallu être clairvoyant et dire la vérité : la crise est très grave parce que nous avons tous « tiré un peu trop sur la corde », il va falloir payer les dettes et pour cela entrer en austérité à laquelle tout le monde va devoir se plier. Le discours de vérité aurait consisté alors à annoncer des réductions drastiques des dépenses de fonctionnement de l’Etat (en commençant par le Parlement : réduction du nombre de parlementaires et de leurs avantages divers) et des collectivités territoriales en tranchant net dans le millefeuille administratif avec regroupements et redéfinition des compétences. Les entreprises auraient été contraintes de revoir leurs objectifs, non pas seulement pour « maintenir l’emploi », mais aussi pour élaborer des produits et services dont on a vraiment besoin et qui ne compromettent ni la santé ni l’environnement. Les citoyens auraient du être appelés à un effort exceptionnel avec augmentation des impôts et partage du travail, cela pouvant signifier baisse temporaire des horaires et donc des salaires pour employer des chômeurs. Il faut, bien sûr, que tout cela soit expliqué et argumenté, avec pédagogie et non démagogie.
Faute de cela, on tergiverse, on « parlemente », on multiplie les lois annonciatrices de réformes que l’on ne met pas en place ou que l’on réduit comme peau de chagrin année après année… La situation devient de plus en plus insupportable, avec de grandes disparités de niveaux de vie qui favorisent la montée des extrêmes.
Un coup de gueule ? Oui c’est un coup de gueule, parce que je voudrais que nous nous réveillions, faute de quoi nous pourrions connaître bientôt des réveils difficiles, avec gueule de bois prolongée… et je n’aimerais pas que mes enfants et petits enfants en soient les victimes.