Bernard Boullard, né en 1927, est fils de paysans, et a toujours été fasciné par la nature. Il a commencé sa carrière comme instituteur de campagne dans le Calvados, puis a ensuite gravi les échelons universitaires, à Caen puis à Rouen, jusqu'au grade de professeur de biologie végétale. Pendant 40 ans il a donné des cours et des conférences, guidé des excursions et publié une bonne vingtaine d’ouvrages scientifiques, tout ceci lui conférant une notoriété nationale et internationale. Il est, entre autres, membre de l'Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Rouen et de l'Académie d’Agriculture de France. Il est aussi Commandeur dans l’ordre des palmes académiques et officier dans l’Ordre national du mérite.
Et voilà que la revue anglaise "The New Phytologist" vient de publier un article sur les associations de champignons des couches fossilifères de la commune de Rhynie, en Ecosse. Cette découverte demande quelques explications que le professeur Boullard nous livre volontiers, en langage courant :
« Hormis quelques végétaux dont le « célibat » s’explique pour des raisons biochimiques, on peut affirmer que 95 % des plantes croissant actuellement sur notre planète contractent une « union » intime avec des champignons. Il ne s’agit pas là d’une galanterie, mais d’une absolue nécessité pour permettre le développement normal de la plante considérée. Ce phénomène de vie « ensemble » (on dit de symbiose) est particulièrement bien connu chez les Orchidées, les Bruyères, les ligneux de nos forêts… pour ne citer qu’eux ! C’est à l’étude de telles associations que nous avons consacré plusieurs décennies de notre carrière universitaire. En 2011, des chercheurs français et anglais ont uni leurs efforts pour reprendre l’étude de fossiles végétaux encore plus anciens du site de Rhynie, datant d’environ 400 millions d’années. Le succès étant au rendez-vous, les six chercheurs associés viennent de publier en 2014, une note relative aux associations de champignons et ils ont du attribuer un nom aux deux nouvelles espèces qu’ils ont observées. »
A l’une de ces deux nouveautés, ils ont donné le nom de Palaeomyces boullardii et s’en expliquent en ces termes : le nom spécifique (boullardii) honore le professeur Boullard qui fut parmi les pionniers dans l’étude des champignons associés à des plantes de Rhynie. Voilà une belle reconnaissance de la qualité scientifique de notre savant botaniste rouennais, d’autant que ce sera la troisième espèce de champignon à porter son nom ! Ajoutons que ce passage à la postérité est aussi un témoignage de l’engagement pédagogique du professeur Boullard et de sa très aimable bienveillance à l’égard de ceux qui ont la chance de l’approcher.