C’est une grande ville qui a bâti sa notoriété sur un patrimoine architectural et artistique considérable, mais aussi sur une activité économique et portuaire importante. C’est le mélange de tous ces ingrédients qui fait une ville, avec son animation, son agitation, et parfois… ses dérapages.
Il arrive que le mélange des genres, entre industrie et tourisme, par exemple, ne fasse pas bon ménage. Ceci d’autant plus quand une industrie connaît un incident, avec des inconvénients notoires. Par exemple si une usine fabriquant des additifs pour les huiles moteur occasionne un dégagement ponctuel de mercaptan, gaz très malodorant, cela fait désordre dans le paysage… C’est ce qui s’est produit chez Lubrizol, à Rouen fin janvier 2013. Ce n’était pas le premier incident de ce genre, ni la seule entreprise concernée, mais cela survenait juste trois mois après l’incendie du pont Mathilde (http://www.michel-lerond.com/article-scenario-catastrophe-114154017.html), qui avait été très médiatisé. S’est ajouté le fait que l’air malodorant, sous les vents d’ouest, a gagné Paris, puis après retournement des vents s’en est allé « chatouiller » les Anglais. Enfin, le nouveau préfet de Haute-Normandie, qui prenait son poste le jour même, a décidé par précaution, d’annuler un match de foot qui devait se tenir à proximité… Cet enchaînement, comme pour l’incendie du pont Mathilde, sans conséquences graves pour les Rouennais a cependant déclenché un raz de marée médiatique… un peu déraisonnable.
Bien sûr que ce qui est arrivé est regrettable, et que l’on peut s’émouvoir de la proximité d’installations industrielles avec les habitations, de carences réelles quant à la sécurité publique, etc. Mais une fois de plus, on constate la recherche du spectaculaire par certains médias et la dérive des réseaux sociaux qui livrent une information sans aucune maîtrise et avec beaucoup d’inexactitudes. Il y avait là pourtant une bonne opportunité pour un débat équilibré et rappeler à cette occasion les efforts faits par les industriels depuis plusieurs décennies pour améliorer les process, réduire les pollutions et les déchets, que l’industriel concerné a mis en place une instance de dialogue entre les riverains et la direction de l’usine dès le milieu des années 1990, cas unique en France, de même qu’une réflexion permanente entre l’entreprise et des personnalités extérieures à propos de ses impacts environnementaux.
Certains rouspéteurs auraient également été bien avisés de se mettre d’accord avec eux-mêmes quand, dans le même temps et non loin de là, ils défendent le maintien d’une raffinerie, installation obsolète qui empoisonne le sol, l'eau et l'air depuis presqu'un siècle !... Mais ne désespérons pas, Rouen reste une belle ville qui procure aussi de douces fragrances dans ses jardins ou promenades des bords de Seine.